Contrairement à ce que j'ai pu penser au cours de cette lecture, ma lune de miel avec Dumas n'est pas complètement terminée. Je trouve à dire vrai autant de qualités que de défauts à ce roman, et je vais essayer d'être la plus précise possible.
Pour commencer, ce roman a été écrit 5 ans avant La tulipe noire, et la différence se ressent. Je le trouve bordélique, dense, pas toujours très au clair entre les multiples sous-genres que Dumas effleure et avec une écriture qui m'a parue moins moderne, certaines tournures étant si lourdes que j'ai dû relire plusieurs fois la phrase. A d'autres moments, j'ai simplement déduit, car je ne comprenais rien entre les quintuples négations et autres procédés hasardeux. La première moitié (grosse moitié, puisque le roman fait 689 pages) est laborieuse tant dans sa construction que dans le contenu. Entre deux complots, on est tout de même dans un récit plus proche du vaudeville que du thriller politique. Je l'avais déjà pressenti dans la Tulipe noire, le gros défaut de Dumas c'est un goût pour le romantisme proche de la niaiserie. On suit deux jeunes couples et les personnages agissent comme des abrutis par amour en plus d'être épuisants à suivre dans leurs déclarations enflammées. D'ailleurs je dois le dire, les deux jeunes héros m'ont gonflés par leurs élans égotiques de jeunots en manque d'activité physique (qu'on se rassure, je ne parle pas de sexe).
Malgré tout, Dumas tisse dans tout ce bordel une trame qui prend son essor dans la deuxième moitié (excellente deuxième moitié, qu'on a du mal à lâcher) et révèle son talent pour les complots politiques. C'est beau, c'est fort, c'est dramatique. C'est aussi, étonnamment, mieux écrit, comme si le fait de donner sens à l'intrigue l'aidait à mettre de l'ordre dans son phrasé. Je l'avoue, j'ai pleuré. Je déplore un paquet de morts inutiles, mais je soupçonne un goût de midinette chez Dumas pour les amours contrariées (RIP Constance) et le drama.