Dès le début, parce qu'on a lu l'excellent La stratégie Ender, on sait où l'on va : la simulation de combat à laquelle vont se livrer les enfants de l'école de guerre, pour les entrainer à sauver l'humanité de l'invasion des Doryphores, n'en est pas une. Ender en a déjà fait les frais, dans le cycle qui porte son nom, et ça l'a brisé. Mais cette fois, c'est aux côtés de Bean, l'avorton surdoué, qu'on va traverser le long processus qui fait d'un enfant un stratège émérite. Et il est attachant, le nain. Quand on fait sa connaissance, c'est un squelette ambulant, qui crève de faim parmi les enfants errants de Rotterdam. Mais, s'il est d'une faiblesse physique sans borne, il est mille fois plus intelligent que tous les autres réunis et c'est grâce à ça qu'il avance ses pions et parvient le plus souvent à se mettre à l'abri de la cruauté que l'extrême nécessité fait naître chez les humains. Évidemment, l'intelligence est au centre de cette longue et belle saga depuis le début, mais, à l'inverse de la Nuit des enfants rois, l'auteur sait la faire palpiter à chaque page. Lui même ne doit pas être totalement sot, il en a maintes fois fait l'éclatante démonstration. Parfois avec plus de bonheur car il est vrai que cette Saga des ombres fait très peu de place aux sentiments et raisonne énormément. Certains chapitres tournent un peu à vide, du coup. Mais ça vaut la peine de s'accrocher car l'évolution du minuscule Bean mérite une attention soutenue, et il va sans dire que je la suivrai dans ses prochains développements. Dès ce soir !