Psychedelic Poirot

Relu cette semaine dans les avions à l'occasion de quelques déplacements, ce qui m'a confirmé qu'il s'agit bien d'un des très bons romans d'Agatha Christie, roman injustement méconnu selon moi.

Prenant place dans le swinging London des années 60, "la troisième fille" comporte tous les ingrédients qui ont fait de son auteure la reine du crime : intrigue policière finement ciselée, avec plein de détails apparemment insignifiants glissés ça et là au fil du texte, et qui font qu'au final, la solution de l'énigme est totalement crédible (quoique bien entendu parfaitement surprenante, du moins pour un néophyte du genre), un Hercule Poirot plus continental et maniaque que jamais, une réelle consistance psychologique des personnages. On y ajoutera une mémorable scène de filature en plein Londres dans laquelle elle distille parfaitement l'angoisse.

On y retrouve également le personnage d'Ariadne Oliver, à travers lequel elle se met elle-même en scène, et se dépeint probablement un poil plus excentrique qu'elle ne le fut réellement. Enfin, et c'est là l'originalité première du roman, elle porte un regard plein d'humour (et non totalement dénué de tendresse) sur la beat generation, à travers notamment le personnage de David Baker, au look inspiré de celui de Roger Daltrey.

Lorsque l'ouvrage fut publié en 1966, Agatha Christie avait 76 ans et était encore au sommet de son art : respect. Mais, il fut à mon sens son chant du cygne, car ses productions suivantes se sont avérées bien moins à mon goût.