La Vague
6.8
La Vague

livre de Todd Strasser ()

Bon, je vois que je suis l’avis général sur SensCritique. La Vague, c’est une bonne histoire, mais c’est vraiment mal raconté. Et c’est dommage.
Perso, je connaissais bien l’histoire de la Vague, j’ai vu le film, lu la BD, donc à force, c’est bon, je connais. Sauf que malgré de bonnes idées, ni le film, ni la BD ne poussaient le concept assez loin pour en faire une œuvre vraiment marquante. Pour moi, l’histoire de la Vague n’avait pas eu sa grande œuvre complexe et vraiment développée.
En tout cas, c’est pas ce livre qui répondra à mes attentes. C’est con quand même, l’avantage d’un livre, c’est qu’on peut approfondir pas mal de choses qu’on pourrait pas dans un film. Le livre, c’était le format parfait pour développer les différentes thématiques de La Vague et pousser à la réflexion.
Mais c’est pas le cas.
Alors pourquoi le livre n’arrive pas à accrocher malgré une histoire passionnante ? Les personnages, tout simplement. Todd Strasser, ne sait pas écrire ses personnages (on les confond tout le temps), ne sait pas les mettre en valeur, ne sait pas écrire des dialogues. Par exemple, niveau dialogue, y a un passage, que j’ai trouvé terriblement mal écrit.
Y a une élève qui est rédactrice en chef du journal du lycée, et y a deux autre élèves qui ont rien fait. La rédactrice en chef s’appelle Laurie et leur dit : aucun de vous deux n’a rendu son article pour le prochain numéro ». A cela, un des gars lui répond : « ohoh je viens juste de ma rappeler que j’ai un avion à prendre pour l’argentine » et le gars part. C’est débile, ce n’est pas un dialogue, ce n’est même pas une blague.
Et c’est comme ça avec presque tous les dialogues avec les lycéens. Au début, le prof d’histoire montre un documentaire sur les nazis dans les camps juifs (j’imagine qu’ils ont vu Nuit et Brouillard). J’en ai vu des films comme ça avec ma classe, et à la fin, on disait que dalle, parce qu’on trouvait ça horrible et qu’on préférait fermer nos gueules. A côté de ça, dans ce livre, les élèves ils disent : « olalah, ce film, il m’a retourné l’esprit ! Heu monsieur, pourquoi les nazis étaient méchants ? Et est-ce que tous les allemands étaient nazis ? Et pourquoi ceci, et pourquoi cela ? ». Ce qui m’exaspère, c’est que le prof a même pas la réponse à ces questions. Et plus tard, les élèves en reparlent, et encore une fois, on a de magnifiques dialogues du genre : « oulalah, ça m’a coupé l’appétit, j’en reviens pas qu’on ait pu faire ça, c’est horrible, et patati et patata ».
Et là, je viens de me rendre compte d’une chose, Todd Strasser ne connaît pas les lycéens. Alors, le livre a été écrit en 1981, j’imagine qu’à l’époque, les lycéens n’avaient pas la même mentalité que nous aujourd’hui. Mais quand même, lorsque les discussions entre élèves ne font que tourner en rond autour des mêmes sujets, c’est navrant et ça casse le rythme.
Dans l’histoire de la Vague, y a une élève, Laurie qui est contre la Vague. D’accord, après tout, ça permet de faire avancer l’histoire. Sauf que Laurie, tous ce qu’elle a à dire pendant tout le livre, c’est : « la Vague, c’est pas bien, tu vois pas que la Vague, ça fait pas du bien ? ». A aucun moment dans le livre, elle n’a d’arguments concrets. Il faut qu’un élève se fasse taper dessus pour qu’elle ait enfin une preuve que la Vague, et bah c’est pas bien !
Et à un moment, y a son petit ami (qui fait partie de la Vague), qui, un peu agacé par ses remarques (je le comprend), et la pousse. Et là, monsieur se rends compte que la Vague, bah ça l’a poussé à faire mal à sa copine, donc d’un coup, changement de comportement, deus ex machina, et monsieur est désormais contre la Vague. Super développement de personnage qui aura duré cinq lignes !
Et à vrai dire, tout ça, c’est pas grave. Enfin si, c’est dommage qu’une histoire aussi riche de sens ne soit pas servie par une bonne écriture. Mais on comprend où le livre veut en venir. On comprend que c’est issu d’une histoire vraie. On comprend que l’homme est un mouton qui rejoint facilement le troupeau. On comprend que le groupe a toujours besoin d’un leader. Bref, même si le fond du livre est un peu survolé, on comprend où l’auteur veut nous mener, et au final, on apprend des choses.
Ce livre est étudié en Allemagne, c’est d’ailleurs une production allemande qui a réalisée l’adaptation filmique. Donc voilà, rien que pour la culture, pour la connaissance et pour la réflexion, il faut lire ce livre, ou au pire, regardez le film, il est pas mauvais, pas extra non plus, mais ça se regarde.
Donc voilà, La Vague, c’est un sujet intéressant. C’est juste dommage que ce soit mal écrit.

James-Betaman
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le 22 août 2017

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