La Vague
6.8
La Vague

livre de Todd Strasser ()

Je suis venu à ce roman après avoir vu le film éponyme, avec l’envie d’en savoir plus sur une expérience sur le nazisme menée par un professeur d’histoire dans un lycée américain à la fin des années 1960. En fait, avant de lire La Vague de Todd Strasser, je ne savais pas que c’était un roman. Un compte-rendu de ce qui s’était passé précisément en 1969 à Palo Alto m’aurait bien davantage intéressé. Et voilà que je me retrouve face à un roman destiné à des jeunes avec une démarche manifestement édifiante. Ouvrons tout de même le roman pour en savoir peut-être un peu plus.

Autant dire que j’ai été déçu : déjà, c’est écrit en très gros caractères, du genre : « faudrait pas que ce soit écrit trop petit et que ça décourage le jeune lecteur »… Mais surtout, l’écriture est plate et sèche, et les dialogues caricaturaux. On a envie de dire à Todd que les jeunes apprécient parfois la littérature… Il est vrai que ce n’est pas le propos du romancier : il vaut mieux une écriture simple, car l’objectif est d’édifier le jeune lecteur, et rien moins que de « lutter contre l’embrigadement » d’après l’éditeur français !

L’expérience décrite, certes trop succinctement dans le roman, est passionnante : sans rien vous en dire précisément, elle décrit une manipulation, les réflexes moutonniers, le côté rassurant puis désinhibiteur d’appartenir à un groupe : il est souvent plus facile d’obéir que de faire ses propres choix ; les hommes, tels une meute, peuvent apprécier de s’en remettre à un leader. On voit la force du groupe, la pseudo-égalité qu’il impose, la reconnaissance apportée à chacun, notamment aux anciens souffre-douleur, mais aussi le côté excluant du groupe, à l’égard des autres. Il est vrai qu’il ne s’agit pas de n’importe quel type de groupe, ici c’est un groupe politique fascisant, avec une cause, des slogans, une impression de puissance, la difficulté de résister à cette force du groupe. Le roman montre aussi le côté excitant ou grisant du pouvoir, ainsi que la tentation d’en abuser…

L’inconvénient pour un lecteur adulte et un minimum au fait du nazisme est qu’il n’apprendra pas grand-chose du roman. Surtout s’il a déjà vu le film. Si vous n’avez rien lu ou vu, voyez directement le film, le roman n’apporte pas grand chose, alors que je trouve le film intéressant, avec une fin moins heureuse.

Bref, ce roman n’est pas à jeter aux orties, il apporte des éléments intéressants, mais il est décevant face à l’ampleur du propos, ne proposant qu’une trop légère trame qui aurait mérité un style moins plat et des développements bien plus conséquents.
socrate
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le 16 oct. 2013

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