Apologie de la consommation du mariage en réponse à de bono conjugali

A mon Saint Patron ou apologie de la consommation du mariage en réponse à de bono conjugali


Augustin très cher, (les autres vous pouvez quand même écouter si vous n'avez pas des yeux pudibonds), mon patron bien-aimé. Je viens de lire ton ouvrage consacré au bonheur conjugal et je me permets d'y répondre mille six cents ans plus tard car nous savons tous deux que le temps ne nous sépare pas.
Tu es évêque et mon père par bien des façons, d'une intelligence, d'une science des Écritures et d'une culture plus illustres que les miennes. Tu as reçu le sacrement de l'ordre et moi celui du mariage. Tu es mon père mais moi j'ai la tête de ta chère maman Monique et, je l'espère, la même « foi virile » qu'elle. Permets-moi donc, Saint Patron, de te parler parler de sœur à frère. Je ne prétends pas ici prêcher sous l'influence de l'Esprit Saint quand bien même je le prie comme toi tous les jours et que j'ai mon toit sur la tête en guise de voile et les trois enfants que Le Seigneur a daigné ne pas reprendre qui me crient dans les oreilles.
Cette réponse devait s'appeler « apologie du bien baiser dans la piété» mais je vais tenter d'être polie. En fait non, car les trois parties de mon raisonnement sont les suivantes : des causes divines de la baise, de l'importance primordiale du plaisir de la baise dans le couple et des conséquences merveilleuses de la baise.
Afin d'introduire mon propos, je t'avoue honnêtement que j'avais très envie de lire ton traité sur le mariage tout en étant persuadée d'avance qu'il n'était que condamnation du mariage et de son plaisir propre parce que tu avais mal aux couilles depuis que tu portais des robes d'évêque continent après toutes ces années de baise débridée. Tu m'as offert trois heures de franche rigolade et de réflexion, je t'en remercie. Et, in fine, je suis d'accord avec ta vision du mariage et sa morale, hormis certains points que je vais t'exposer après avoir présenté mon postulat.


Vivant dans le seul sacrement que tu n'as pas reçu et toi dans celui que je ne recevrai jamais, notre discussion pourra sans doute être riche de nos positions particulières de membres différents dans l'Unité de l’Église. Comme toi, tu le sais, j'ai vécu en concubinage, pendant onze ans avant de recevoir le sacrement de mariage. Cependant, comme tu le dis très justement dans ce traité et à l'inverse de toi, j'étais déjà mariée car celui qui partage ma vie depuis quatorze ans, je l'ai toujours considéré comme mon époux et nous nous sommes engagés dès le départ à une union jusqu'à la mort. Néanmoins, je peux témoigner que le sacrement du mariage a opéré d'une façon particulièrement inattendue en m'ôtant toute libido durant plusieurs mois. Le devoir conjugal m'étant alors force d'obligation et la soumission à mon époux une contrainte à respecter, l'abstinence a laissé la place à la tempérance, à la joie des deux parties.


Mon postulat dans cette apologie est qu'à d'autres temps d'autres mœurs, d'autres nations d'autres traditions. Dieu restant premier servi et la Parole étant immuable, il convient également d'honorer nos pères et mères dans la foi catholique qu'ils nous ont transmise comme dans les traditions françaises dont je suis héritière. Je te parle donc, mon père et frère, en tant que chrétienne, mariée, mère et française en 2017 après l'Incarnation du Sauveur, libre, par la volonté et la grâce de Dieu.


A. Des causes divines de la baise
Comme tu le dis très justement, Dieu a fait Adam et Ève êtres de chairs et êtres spirituels. Nous ne sommes pas des anges et notre dignité n'en est pas moins grande. Elle est différente. Car nous sommes appelés à la contemplation et à l'oraison. Nous sommes aussi appelés à expérimenter par le biais de nos sens, ce dont les anges sont privés : la souffrance et le bonheur. Plus que les anges, nous goûtons dès ici bas le Pain de Vie dont ils sont privés, nous vivons la Passion de Notre Seigneur qu'ils ne peuvent que voir et nous atteindrons les cieux dans un corps de gloire. L'homme et l'ange ne se confondront pas. Tu as bien raison de réaffirmer, avec nos aînés juifs et contre les hérétiques et les païens, la bonté de notre état de créatures charnelles, telles que voulues par le Créateur. Nous sommes beaux, il n'est rien de plus beau, d'un point de vue purement esthétique, en terme de créatures, à mon humble avis, qu'un bel homme.
De plus, Dieu nous a fait homme et femme pinocumettables, nous sommes sexués dès le Jardin d’Éden, Dieu vit que cela était bon et cela était bien et Il nous a bénis. L'union monogame dans l'amour est bénie de Dieu, c'est pour cela qu'elle procure le plaisir charnel le plus grand qui soit : l'orgasme. C'est un don de Dieu qui différencie l'homme de tous les autres animaux : l'acte sexuel, l'amour est chez nous un art qui ne répond pas aux seules fluctuations du temps et de la saisonnalité. Nier que la sexualité conjugale est bonne par nature est s'inscrire en faux contre l’œuvre de Dieu. J'ajoute à ton propos, cher Augustin, que tu l'as remarqué durant tes années de pratique de la chose, la femme est ici la préférée de Dieu car Il lui a donné un clitoris lui offrant un orgasme violent et court à l'image de celui du mâle et, en plus, un vagin qui procure un plaisir inouï et des orgasmes multiples que le mâle est bien en peine de comprendre et envie. Comment la femme serait-elle comblée de ces deux canaux de plaisir s'ils ne lui avaient pas été donnés par Dieu ? C'est bien que Dieu approuve le plaisir sexuel et l'union charnelle des êtres humains. Et aussi qu'Il a donné à sa petite dernière-créée, une compensation aux douleurs de l'enfantement.
C'est dans la monogamie, comme Adam et Eve, que s’épanouit la sexualité, car les deux membres du couple apprennent à se connaître au fur et à mesure de beaucoup d'années de pratique et à donner du plaisir à l'autre au lieu de jouir pour soi-même. L'acte conjugal est de ce fait l'inverse de l’égoïsme. Il est altruiste en ce sens que c'est en donnant du plaisir d'abord à l'autre qu'il en reçoit en retour.
Ce plaisir immense est là afin de nous pousser à nous reproduire et peupler la Terre selon l'ordre divin. Il y a du bonheur dans la conception des êtres humains comme il y a bonheur dans leur éducation. Oui, il ne faut pas passer trop de temps à se livrer à sa sexualité au risque de passer trop peu de temps à prier. Néanmoins, je te fais remarquer que la femme offre son plaisir conjugal à Dieu et plus c'est bon, plus elle crie « Oh mon Dieu ».
Pour conclure ce point : la baise c'est bien et c'est bon et c'est véritablement voulu par Dieu dans les conditions où elle a été créée.


B. De l'importance primordiale du plaisir de la baise dans le couple
Après quatorze années de monogamie, je t'affirme, cher frère, que le plaisir de la baise est primordial pour le couple, contrairement à ce tu affirmes. Au début de notre relation, mon époux et moi pensions que le sexe représentait 50% du couple. Maintenant, nous pensons que cela en représente au moins 70%. Pourtant, nous passons beaucoup moins de temps aujourd'hui à la pratique de la chose, non que notre ardeur se soit émoussée, mais l'acte conjugal a cru en qualité et de ce fait, si la quantité est moindre, la qualité de nos rapports modifie le pourcentage. Pourquoi Dieu aurait-il fait mon mari aussi beau et m'obligerait à vivre à ses cotés en permanence si Il ne voulait pas que nous ayons de rapports sexuels fréquents ? Pourquoi ? Ce serait me tenter au-delà de mes forces car je ne suis qu'une pauvre femme ! C'est donc qu'Il l'a fait très beau pour que j'ai plaisir à le regarder et plaisir esthétique et charnel à la chose lorsque l'occasion de consommer notre amour se présente. L'épouse satisfait son mari de deux manières : à table et dans le lit. Je passe bien plus de temps pour le bonheur de mon époux en cuisine qu'au lit, mais les deux preuves d'amour sont indissociables et complémentaires. S'il est heureux tous les jours en passant à table, il est heureux aussi lorsque je m'offre à lui physiquement moins souvent. Et ce qu'il me donne à ce moment-là compense toutes ces heures éreintantes à pétrir des pâtes à tarte.
D'autre part, tu n'es pas sans savoir que vivre avec une autre personne est parfois une Croix qu'il faut supporter. La solitude de l'érémitisme me serait bien plus aisée à vivre que le mariage. L'acte conjugal sert, par bien des manières, à évacuer les tensions qui naissent de la vie conjugale, dont j'affirme, contre ta propre affirmation, qu'elle n'est pas inférieure à la vie consacrée. C'est une vie différente mais qui ne saurait souffrir cette infériorité à laquelle toi et les pairs de ton temps la condamnez. Certes, en étant marié, il nous faut à la fois servir notre époux et servir Dieu, ce qui le plus souvent au quotidien est difficilement conjugable. Mais, si je sers mon époux que je considère comme mon seigneur car lui étant soumise à tous les niveaux, je sers par ce biais Dieu. Peut-être la relation avec Dieu est-elle moins directe et non sans intermédiaire, mais, comme tu le dis, il faut bien produire des corps qui soient les réceptacles des âmes créées par Dieu et donc que certains se sacrifient au mariage comme certains se sacrifient au célibat et à la vie consacrée.
Tu affirmes que la sainteté de l'un des époux est salvifique pour l'autre et met ainsi à l'honneur le sacrifice physique que l'épouse fait parfois afin d'empêcher le mari de tomber dans le péché mortel d'adultère ou de fornication. Tu es un homme qui ne cache pas les affres dans lesquelles t'ont conduit la sexualité non-régulée par le mariage et ainsi, tu comprends ce à quoi sont soumis tes congénères masculins. J'approuve cher frère, et te remercie de le dire car désir féminin et masculin sont deux choses différentes, n'en déplaise aux allumés du cerveau qui sévissent à mon époque. En ayant soin que l'autre ne se perde pas, nous le sauvons par un sacrifice qui, sommes toutes, procure un plaisir non-négligeable en compensation de notre peine.
Je suis bien d'accord aussi avec toi pour dire que la sodomie est un acte totalement contre-nature qui répugne à toute personne sain(t)e d'esprit et que le péché des sodomites, hétérosexuels ou homosexuels est un péché d'une nature particulièrement grave, révélateur d'un esprit vicieux. Naturellement c'est dégueulasse, moralement, un homme qui contraint sa femme à cette pratique, en plus de l'avilir physiquement, la traite pire qu'une pute puisqu'il ne songe qu'à jouir de son corps en détournant le but ultime de l'acte sexuel qui est de potentiellement concevoir des enfants. Sans même la payer. C'est un péché grave contre Dieu.
Tu ne parles pas de la fellation. Est-ce autorisé ou non ? Peut-être cette pratique n'était-elle pas répandue en ton temps et dans ta contrée. Au nom de la tradition française, je la pratique et me permets ici de la défendre pour plusieurs raisons. Déjà c'est la tradition donc il faut l'honorer selon le commandement divin. Des siècles de perfectionnement de nos mères pour arriver à cela. Tu vois, ce n'est pas facile à faire et il faut une longue pratique pour exceller en ce domaine. Ensuite, dans le rapport de soumission homme-femme, la fellation ne me paraît pas contraire à la loi naturelle. Enfin, c'est un acte de donation totale qui vise au plaisir de l'époux donc ça ne me paraît pas être péché. Je n'ai jamais posé la question à un prêtre car je suis gênée... Et je crois qu'eux aussi ! Néanmoins, certains passages de l'Ancien Testament semblent promouvoir cette pratique.
Au risque de te choquer mon frère, mais n'est-ce pas déjà le cas depuis le début, plus le plaisir sexuel est grand entre les époux, plus Dieu donne sa bénédiction. Je témoigne ici que les plus grands orgasmes que j'ai eus, parfois confondus avec des extases, ont donné lieu chaque fois à la conception de mes enfants. Je ne rentre pas dans les détails mais je peux témoigner que plus je me donne à mon époux et plus il me procure de plaisir, plus Dieu est content et me le montre en me donnant des enfants. Toi mon frère, tu as les boules parce que tu ne baises plus mais ce n'est pas une raison pour brimer le plaisir des gens mariés, ni d'essayer de les faire culpabiliser. Dieu est content, c'est pour cela qu'Il leur donne des enfants.
En conclusion de cette partie : oui à la tempérance dans l'acte conjugal mais oui aussi à la recherche du plaisir dans l'acte qui est d'abord, je te le rappelle si tu l'as oublié depuis le temps, recherche du plaisir de l'autre.


C. Des conséquences merveilleuses de la baise


Tu admires la transition en maître de la rhétorique que tu es. Je vais te parler des enfants qui découlent de l'amour charnel et des conséquences merveilleuses qu'ils provoquent dans un mariage.
L'enfant est la contraception inventée par Dieu. Quand tu as un enfant, tu es tellement épuisé que tu n'as pas le temps de faire l'amour avec ta moitié les premiers mois. Je te passe les détails sur les conséquences physiques de l'accouchement, tu as eu un enfant aussi, tu connais. Il braille, il se réveille à des heures indécentes et il est tout le temps collé aux seins. Après, tu es moins épuisé mais l'enfant fout tellement le bordel dans la maison que tu passes tes journées à ranger, que pareillement, tu passes beaucoup moins de temps à l'acte conjugal. En plus l'enfant est tout le temps dans tes pattes et, comme par miracle, dès que tu t'assoies à coté de ton mari sans aucune arrière-pensée cochonne, il se pointe ! Passé trois ans, il a compris que maman est énervée par le désordre et il respecte le travail domestique. Mais il commence à parler toute la sainte journée et il faut lui enseigner une foule de choses et les rabâcher, ce qui te fatigue considérablement l'esprit et te détourne d'une sexualité licencieuse et trop fréquente. A partir du premier enfant, la sexualité est naturellement régulée et croit en qualité car, la continence faisant son œuvre, les fois où tu peux faire l'amour, c'est grandiose. C'est la seule méthode de régulation naturelle des naissances autorisée par Dieu : les enfants. Et ils sont tellement beaux les enfants et procurent tellement d'amour qu'ils sont bien la marque que l'acte conjugal est béni de Dieu.
En ayant beaucoup d'enfants, Dieu peut alors se servir dans les âmes qu'il a créées et qui sont incarnées par notre intermédiaire d'êtres charnels, afin d'en appeler certains à la vie consacrée pour le salut des âmes de tous, d'autres au mariage. Malgré tout, j'approuve ce que tu dis en affirmant que si le mariage n'existait plus et que tous nous soyons appelés à la vie consacrée « l'accomplissement de la cité de Dieu et la fin du monde en arriverait d'autant plus tôt ». Amen mon frère mais à l'heure où je te parle, ce n'est pas demain la veille.
Tu affirmes que la régulation naturelle des naissances en baisant sa femme hors-ovulation est perversion de la finalité sexuelle voulue par Dieu. Je suis d'accord avec toi et te remercie de le dire avec honnêteté car tu es bien placé pour le savoir puisque c'est ce que tu faisais avec tes concubines. Mon mariage ne pratique pas ces méthodes contre-natures. Nous prenons ce que Dieu nous donne. S'il devait advenir un jour que nous ne voulions plus d'enfants, alors nous vivrons en frère et sœur comme tant d'autres saints nous en ont donné le témoignage. Ton traité m'a permis de confirmer ce que je subodorai déjà, à savoir que l'encyclique humanae vitae et sa promotion de la méthode de régulation naturelle des naissances n'est pas hérétique. C'est une apostasie pure et dure, une compromission de l’Église avec l'esprit du monde, le plaisir pour le plaisir en se coupant des mystères divins qui naissent de la nature créée par Dieu. Ton époque, par bien des aspects semblable à la mienne, connaissait les mêmes turpitudes de la chair. Ce que les Anciens ont tenu pour vrai, au nom de quoi et surtout de qui, pouvons-nous le dire faux ?


En conclusion, la baise maritale c'est bien et c'est voulu par Dieu, plus tu prends de plaisir dans le lit conjugal plus tu as des enfants donnés par Dieu et plus tu atteins une perfection de la sexualité conforme au plan de Dieu. Et ça se voit quand même que t'es un peu frustré sous ta robe même si tes arguments théologiques sont justes.


Cher frère, saint patron, merci beaucoup pour ce petit traité qui ne manquera pas de continuer à nourrir ma réflexion sur le sacrement de mariage.


N.B. « Baise » est employé uniquement à des fins de gaudriole pour garder le coté punk. Je ne baise que sur la bouche, sinon je fais l'amour !

ElodiePerolini
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le 26 août 2017

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