Écrit entre l'été 2013 et 2014, il s'agit d'un livre d'entretiens entre Michel Ciment, grand nom de la critique cinématographique française, et N.T. Binh, collaborateur de la revue Positif.
Michel Ciment est un de ceux qui ont donnés leurs lettres de noblesses à la critique de films qui avait passée la période des Cahiers du Cinéma à la fin des années 50 (Truffaut, Rohmer, Chabrol, Godard...), et c'est son opinion politique qui a fait qu'il a choisi de collaborer dans la revue Positif, qui sera un peu le concurrent.

Le livre est l'occasion de revenir sur plus d'un demi-siècle de découvertes cinéphiles, sur les origines de sa passion pour le cinéma, le tout avec la verve et la curiosité qu'on lui connait.
Car si je dois définir le livre en un seul, ça serait curiosité. On voit dans le livre à quel point Michel Ciment est encore à toujours un homme qui veut toujours en voir plus, en savoir plus sur les films et les hommes qui sont derrière. Il en résulte à plus de 75 ans une vraie jeunesse chez cet homme qui force le respect. On ne sent vraiment pas de sentiment de lassitude.
Bien entendu, il est question du Masque et la Plume (et notamment sur Jean-Louis Bory et Georges Charansol), de Projection Privée, et surtout de ses livres. Pour beaucoup d'entre nous, je pense que la découverte de son livre somme sur Kubrick a été un choc, à la hauteur de celui procuré par Truffaut-Hitchcock.
Mais il n'a pas écrit que sur Kubrick ; il a écrit des pavés sur des réalisateurs tels que Francesco Rosi, Elia Kazan, Joseph Losey, Theo Angelopoulos, John Boorman, Fritz Lang, et il a aussi réalisé des documentaires sur des rencontres avec Billy Wilder, Joseph L. Mankiewicz ou encore Elia Kazan.
Il est à noter que plusieurs de ces rencontres ont souvent débouché sur des amitiés, certaines qui ont durées, d'autres qui ont été rompues car la carrière du réalisateur décevait.

Ciment était ami avec des gens comme Claude Sautet, Alain Resnais (pour lui, le plus grand réalisateur français) comme Raoul Ruiz, Glauber Raucha, Francesco Rosi. On peut-être arguer sur un manque d'impartialité, notamment quand il affirme que Sautet n'a jamais raté un film, mais il est de ceux qui ont largement mis en avant de nouveaux talents du cinéma américain, comme les frères Coen, Quentin Tarantino (qui a donné son premier entretien majeur à Positif), ou encore Steven Soderbergh.

Critique de cinéma n'étant pas forcément un vie forcément palpitante en anecdotes, on saura peu de choses sur la vie personnelle de Michel Ciment. On saura par contre qu'en plus d'être critique et directeur de la rédaction à Positif (où personne n'est payé), il a été professeur à une université parisienne durant plus de trente ans.
De mon côté, je suis un fervent lecteur de Positif, ce qui explique qu'au fond, je n'ai pas forcément appris grand chose sur le monsieur, qui revient encore sur le fameux Triangle des Bermudes (Les inrockuptibles - Libération - Le monde) qui selon lui nuisent un peu à l'art critique.
De plus, il revient fréquemment sur la politique (c'est un homme engagé à gauche), sur les autres arts qu'il apprécie (la peinture et la littérature en particulier), et là, je dois dire que ce n'est pas ma tasse de thé.

Difficile de recommander ce livre à quelqu'un qui lit une revue de cinéma comme Positif ou qui écoute Le masque et la plume (ou Projection privée), car on y retrouve souvent des propos identiques au mot près.
Mais pour quelqu'un qui veut savoir ce qu'est un critique de cinéma à l'ancienne (car le monsieur est fortement cultivé, les citations y sont nombreuses), et comment on peut autant bouffer de films, ça se lit sans trop de problèmes, d'autant plus que le style de N.T. Binh y est agréable et qu'on sent la complicité avec Michel Ciment.
Boubakar
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le 11 oct. 2014

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