Le cœur est un chasseur solitaire par Alligator
août 2007:
Traduction lue de Marie-Madeleine Fayet.
Je ne suis pas un fervent adepte quand je lis une oeuvre pour son style (et non son histoire) des romans de langue étrangère. Tout simplement parce que le style qui se dégage est altéré, transformé par le talent ou la médiocrité du traducteur. Quoiqu'il en soit, il est difficile de juger d'une oeuvre traduite.
Reste ici l'histoire, les personnages. Et ils sont ô combien importants. C'est l'essence même du livre. Une sorte de patchwork de personnages qui se rencontrent, se bousculent, se perdent, se retrouvent, s'admonestent, s'oublient, s'ignorent et se soutiennent. Un livre chorale en somme, bien avant que cela advienne aux oreilles du cinéma d'Altman.
Le personnage de Singer sert de fil rouge, relie tout ce petit monde : il est muet et tout le monde pense qu'il comprend ce qu'on lui raconte, et il semble tellement comprendre que tout le monde veut lui faire part de son malheur, tout le monde. Et c'est ce tout le monde que McCullers nous décrit par le menu, par petites touches, chacun son tour. C'est très humain comme roman. Très facile à lire. La traduction du moins. On plonge dans un univers amer, tenaillé entre paupérisme et racisme, entre communisme et christianisme, beaucoup trop de ismes pour que les personnages en soient heureux.
Pleine de tendresse pour ses personnages, McCullers, ce petit bout de femme, prend la première fois le stylo pour écrire ce roman-là et c'en est tout connement un miracle qui saute à la gueule.
Je remercie solennellement ma blonde de m'avoir fait découvrir cet objet tendre et profondément humaniste.