Un classique de la littérature par l'auteur (ou plutôt les auteurs étant donné que Dumas soit souvent accompagné dans son écriture d'Auguste Maquet, faisant de ses œuvres le fruit de 2 auteurs et non pas un seul) des fameux 3 mousquetaires qui était déjà une œuvre politique et dont la dernière adaptation au cinéma m'a poussé à me plonger dans le livre.
Le comte de Monte-Cristo m'aura pousser à m'intéresser au contexte historique de son œuvre pour laquelle j'avais des lacunes, le contexte étant extrêmement important dans l'Œuvre de Dumas, qui fut visiblement quelqu'un de très instruit, citant sans arrêt des références géopolitiques, historiques et littéraires, nous poussant à être aussi instruit que lui avant de lire son œuvre, et c'est très plaisant, de voir qu'il ne pousse pas son lecteur à la paresse pour comprendre son récit, qui plus est très long, étant à l'origine un feuilleton publié dans un journal, Dumas étant payé de manière hebdomadaire, on ressent par moment l'envie d'étirer son œuvre pour avoir son chèque (notamment l'arc narratif d'Albert en Italie dans la première époque) ce qui lui impose quelques longueurs, tout de même intéressantes pour son apport culturel même si elles ralentissent le récit.
Je constate que Dumas écrit son histoire en 1844 alors qu'il est encore sous Louis-Philippe Ier, un roi, et me demande si le récit va donc défendre le royalisme vu le contexte, bien que Dumas ait grandi essentiellement sous le premier empire de Napoléon. La source de l'esprit vengeur d'Edmond Dantès, est un complot l'accusant d'être bonapartiste, et donc, contre la royauté, il peut ensuite la provoquer une fois devenu riche, en devenant un bourgeois. Au moment où il est enfermé il est sous Louis XVIII, rate le vol de l'aigle pendant son emprisonnement, quand il est libéré le voilà sous Charles X, dans tous les cas, il est libre dans une France post révolution, gouvernée par un monarque, et ne peut être libre qu'en étant comte, pas en étant marin.
Qu'il soit royaliste ou bonapartiste, le livre met en avant le fait que la liberté est essentiellement possible dans la bourgeoisie et la richesse, pas dans le prolétariat. Son moyen de se venger se fait par ses moyens financiers (mais surtout par sa ruse), et s'oppose à 3 personnages qui l'ont dénoncé pour lui prendre son statut social : Caderousse qui lui jalousait son poste de capitaine et se retrouve vénal, Villefort qui voulait garder son poste et son honneur en se dédouanant de tout lien avec les révolutionnaires, qu'ils soient girondins comme son père, ou républicain comme son fils, et Fernand qui lui jalousait sa fiancée, et s'est épanoui en tant que mari, général et bourgeois du temps des 14 ans de l'emprisonnement de Dantès.
Dantès se venge du statut qu'ils lui ont tous pris, alors que lui-même se retrouve dans une classe sociale supérieure à la leur après son évasion. Il les piège tous avec leur propres armes, en les dénonçant pour leur défaut, Caderousse pour son attrait à l'argent, Villefort pour son obsession pour l'honneur au dessus de celui de sa famille, et Fernand pour sa simple malhonnêteté. On critique donc plus la légitimité du statut que le statut lui-même, Edmond a souffert pendant des années là où ses ennemis l'ont tous trahi malhonnêtement. Il a cependant gagné sa fortune non pas en travaillant mais en trouvant un trésor, donc il y a une idée de légitimité mais pas de mérite.
Finalement l'œuvre n'est ni royaliste, ni bonapartiste, elle est juste pour la bourgeoisie, ce qui n'est pas étonnant vu le statut de Dumas.
PS : J'ai pu voir qu'il y avait une dizaine d'adaptations du livre depuis 80 ans, je n'ai vu que celle de 1954 avec Jean Marais en Edmond, qui est très fidèle et de bonne facture, et voit qu'un nouveau projet est en préparation par les mêmes producteurs que la dernière version des 3 mousquetaires, réalisée par les auteurs de la pièce de théâtre 'Le Prénom' et avec Pierre Niney dans le rôle titre. Je ne sais pas ce que ça va donner mais j'ai pour ma part plutôt apprécié les 3 mousquetaires.