Le Couteau aveuglant est le deuxième tome de la saga Le Porteur de lumière écrite par Brent Weeks. Et si l'auteur avait pu offrir un certain "renouveau" en terme de Fantasy - renouveau d'après les connaissances et les lectures que j'avais à ce sujet - avec son premier tome Le Prisme noir, il se permet dans ce tome d'apporter une nouveauté non pas concernant les éléments récurrents à la Fantasy (bien qu'il poursuive à creuser ses apports) mais plutôt sur le plan narratif ; dont on pouvait déjà lire quelques "prémices" dans le tome précédent. De quoi satisfaire les passionnés de la première heure et rallier de nouveaux lecteurs à son univers.


Le siège de Garriston est une victoire pour le Prince des Couleurs : Gavin et les membres de la Chromerie doivent lui laisser la cité. Mais l'avancée de ce spirite coloré doit absolument être arrêtée, la ville fortifiée de Ru ne doit pas tomber entre ses mains ! Et alors que le Prisme tente de rallier l'ensemble du Spectre à sa cause, son fils Kip débute son entrainement au sein de la légendaire Garde Noire.
Pas plus de spoil !


Dans la lancée de son premier tome, Brent Weeks continue d'apporter moult éléments à son système de magie spectrométrique, imposant sur quelques chapitres une ambiance qui n'est pas sans rappeler celle de la saga Harry Potter, dans les grandes lignes. Non que cela soit désagréable, d'autant plus que le style de Brent Weeks et le caractère (très) taquin, très répondant de ces personnages parviennent à rendre la plupart des cours théoriques sur la lumière amusants. Mais ces passages, bien que délicieusement cinglants, demeurent peut-être les plus ennuyants du roman. Dès l'instant où l'on en vient aux cours de combat imposés par la Garde Noire, on arrive sur un terrain plus mature, plus neuf avec des enjeux et des entrainements plus que discutables d'un point de vue éthique, mais qui montrent à quel point la réputation de ce corps d'élite est tenace. Et cette focalisation, sur les entrainements de Kip, est agréable à suivre : le fait d'essayer - dans un premier temps - de se faire des amis, les nombreux rebondissements qui l'accompagnent et mettent à mal son entrainement (notamment les parties de Neuf Rois, jeu de carte, qui apportent pas mal de piment) sans compter l'entrainement a proprement parler. Sauf que, à être autant focalisé sur Kip, on en vient à petit à petit haïr un de ces traits principaux, que l'on avait déjà pu contempler durant le tome précédent : l'auto-rabaissement est sans fin... Et c'est juste extraordinaire à quel point ça devient rapidement saoulant. D'un côté, cela nous offre une vision intéressante de ce jeune personnage, on s'attache à ces efforts, on désire le voir percer... mais les éternelles dégradations apportent une redondance dont on se serait bien passé. Fort heureusement, de nombreux autres personnages font leur apparition pour contrebalancer cet aspect fortement pessimiste - à certains moments défaitiste - du fils du Prisme.


D'un point de vue narratif, concernant l'intrigue et tout et tout.
On garde cette fascination de lecture, nourrie par un style agréable et qui doit, ressenti personnel, ses lettres de noblesse à cette alternance entre propos clamés et pensés ; un jeu qu'utilise énormément Brent Weeks (depuis le premier tome) et qui approfondit grandement le caractère et la psychologie des différents protagonistes. Néanmoins, il apporte quelques éléments déroutants à l'instar des passages à la première personne de singulier : si ces passages contribuent à une beauté narrative, ils laissent tout de même perplexe, l'auteur se permettant d'user du pronom personnel "je" non pas pour un seul personnage (comme on pourrait le croire ; ce qui aurait pu engendrer une analyse intéressante) mais pour plusieurs personnages. En soi, rien de très alarmant (et quoi de plus naturel que d'utiliser "je" pour s'ancrer plus profondément dans les pensées et l'existence d'un personnage) mais pour ma part, cela m'a légèrement perturbé.
Outre ces éléments, on reste sur une bonne dynamique d'intrigue avec des descriptions toujours aussi limpides qui facilitent la lecture quand bien même certains passages donnent du fil à retordre. Et le point fort demeure, une nouvelle fois, les rebondissements, toujours aussi plaisants à découvrir ; ce qui finit parfois par nous rendre paranoïaque.


En ce qui concerne les personnages, de nombreux changements sont amenés et de nouvelles relations germent. Si certains personnages avaient pu obtenir ma compassions lors du premier tome, force est de constater qu'il en est tout autre dans celui-ci, à l'image de Liv dont le parcours laisse de plus en plus à désirer - elle se fait remplacer très facilement par le personnage de Teia, plus intéressante à suivre. Dans l'ensemble cependant, les évolutions sont sympathiques à observer, d'autant que les nombreux retournements de situation servent parfaitement les différents changements, agrémentés par les excellentes réparties de la plupart de ces figures. Et ces mêmes évolutions mettent en lumière, ce qui avait déjà pu être perçu dans le premier tome ; décidément, un élément qui me laisse perplexe sans pour autant subir mes foudres : la libido. Je n'ai jamais lu un livre aussi en manque (je n'ai lu qu'un seul tome du Trône de Fer, donc je n'ai pas de matière suffisante pour en parler objectivement) et concentré aussi férocement sur les envies charnelles des personnages. En soi, c'est tout à fait naturel et ça joue sur le côté attrayant de l'ouvrage, sauf que bon... Voilà quoi, on a compris au bout d'un moment.


Le Couteau aveuglant est une excellente suite au tome Le Prisme noir : il apporte assez de clarifications mais également encore plus d'interrogations qui nous donnent envie de se précipiter sur le prochain tome, d'autant que les écrits du dernier chapitre aident énormément à alimenter notre impatience. Des personnages toujours aussi passionnants et une aisance dans la lecture d'une écriture fascinante font de cette œuvre une excellente raison de s'attaquer à la Fantasy sous le prisme de la nouveauté.
Et n'oubliez pas : la Fantasy nous appartient !

PhenixduXib
8
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Créée

le 26 juin 2021

Critique lue 54 fois

PhenixduXib

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