Les Caraïbes, des pirates, des galions espagnols, et un espace-temps qui se délite : voilà les principaux ingrédients du « Déchronologue », qui mêle flibuste et voyage temporel avec brio.

Année 1640. Henri Villon, capitaine du Chronos et pirate de son état, vogue de ports en ports à la recherche des maravillas, ces reliques magiques dont la récente apparition mets en émoi toute la région, de Tortuga à Port-au-Prince. Et si personne ne semble en mesure d'expliquer leur origine, il semblerait qu'elle soit liée à ces tempêtes étranges qui ravagent les côtes, emportant de nombreux navires, quand d'autres choses n'en émergent pas...

« Je suis le capitaine Henri Villon, et je mourrai bientôt ». Ainsi commence le roman, rédigé sous la forme des carnets de bord du pirate. Et l'auteur, Stéphane Beauverger, mérite les louanges les plus chaudes : le style est parfait, les personnages sonnent incroyablement juste, et le champ lexical sent bon la poudre, les embruns et les chicots pourris.

Par ailleurs, les carnets ne sont pas présentés dans l'ordre chronologique, mais de manière visiblement aléatoire, à l'instar de la structure de l'espace-temps qui s'effiloche et tressaute. On bascule ainsi de l'an 1640 aux dernières années du Capitaine, 10 ans plus tard, sur un navire différent dont les canons tirent du Temps, littéralement.

C'est un choix judicieux, mais qui décontenance au premier abord (et pendant les premiers feuillets). Il oblige le lecteur à lire avec plus d'attention, à se remémorer chaque chapitre pour tenter d'assembler mentalement le puzzle de ces carnets disloqués. Et l'on s'aperçoit rapidement que ce qui nous semblait une distribution aléatoire se révèle au contraire finement élaborée, afin de nous tenir en haleine jusqu'à la dernière page.

On pourra certes reprocher au « Déchronologue » une trame au final assez simple et prévisible, mais cela ne devient évident qu'une fois le livre refermé et la dernière pièce assemblée. Entre temps, il est tout simplement impossible de lâcher cet ovni de science-fiction, au rythme haletant et à l'écriture délicieuse, récemment sorti en poche, et que je ne saurais trop vous conseiller.
ToitagL
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le 3 nov. 2011

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ToitagL

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