"Gai, trop gai..."
Des aphorismes pêle-mêle dont on se vantera de connaître le sens alors que la moitié s'adressent à des allemands morts depuis 150 ans, pour des motifs morts avec eux. Jaspers disait que le pire...
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le 27 mai 2012
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Je me trouve gêné d'avoir à écrire la moindre ligne sur le Gai Savoir, tant son contenu est dense et appelle, chez moi, à une lente, très lente digestion. Il faut néanmoins que je le place au rang de mes coups de coeur, de ces livres dont on sent, lorsqu'on les a refermés, qu'ils nous ont frappé de leur foudre.
Il y a souvent deux effets que Nietzsche produit sur moi :
D'abord, il précède ma pensée en un sens génial, il pose le mot sur ce que j'avais - vaguement - senti ; il ajuste la lunette, en contrôle la bague de netteté ; nous n'avons plus qu'à mettre l'oeil pour voir et sentir.
Ensuite, il est le créateur et le découvreur, et chez lui l'un et l'autre vont ensemble. Cette phrase de Zarathoustra le décrit à merveille : "Certaines âmes, on ne les découvrira jamais, à moins qu'on ne les invente d'abord." Nietzsche est un artiste ; le lectorat est sensible à ce qui est bien dit ; lui sent, pense, et compose la phrase ; il en naît du génie ; et dans chaque fragment on retrouve les traces d'une intelligence formidable, qui nous porte, et souvent j'ai voulu l'applaudir, car il n'y a guère que chez Pascal que j'avais déjà entrevu les marques d'une telle habileté de l'esprit.
À ceux qui n'ont pas encore lu Nietzsche ou n'ont rien entendu à sa langue : soyez modestes. Nietzsche maintient à distance, ne s'adresse pas à toutes les oreilles. Il le suggère lui-même : il n'est pas accessible à tous. Il n'y a pas lieu de s'en indigner : son propos était impossible à tenir dans la langue du peuple ; il lui a fallu s'exprimer dans un langage supérieur, prendre un peu de hauteur. Ce n'est pas de l'arrogance ; c'était juste nécessaire à sa pensée. Avec Nietzsche, il faut être patient, et surtout, ne pas espérer trouver dans le Gai Savoir un vulgaire manuel de développement personnel - c'est bien plus que cela.
Il y a un paradoxe qui prend vraiment tout son sens lorsqu'on achève la lecture du Gai Savoir :
Deviens celui que tu es.
C'est ça, Nietzsche.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 6 mai 2016
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le 6 mai 2016
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Lorsque l'on lit pour la première fois Nietzsche, que l'on débute par ce Gai savoir, l'étonnement est la première conséquence de ce choix. Un livre de philosophie qui débute par de la poésie, qui...
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le 14 juil. 2013
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