L'Intérêt ?
préambule : j'aimerais m'efforcer de contextualiser ma critique quand bien même l'on pourrait s'en foutre, mais ça permet de dissiper les possibles malentendus et objections qui pourraient m'être...
le 26 janv. 2025
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préambule :j'aimerais m'efforcer de contextualiser ma critique quand bien même l'on pourrait s'en foutre, mais ça permet de dissiper les possibles malentendus et objections qui pourraient m'être fait.
J'avoue ne pas être, et n'avoir jamais été, de sensibilité libérale, que ce soit le libertarianisme, le minarchisme, le libéral conservatisme… Avec le contexte politique actuel en France (2024 : tensions politiques insolvables et explosion de la dette française) il m'est pas étonnant que la doctrine anti Etat gagne du terrain. Les quelque libéraux avec qui j'ai pu échanger m'ont paru impertinents, imprécis, délus,… qu'importe ? Autant aller se renseigner de la manière la plus rigoureuse possible. J'ai moi même été tour à tour : droitard type Zemmour/Le Pen, partisan de l'UPR par fascination pour Asselineau, confus…
Me concernant, l'Economie n'étant pas mon domaine, j'avoue n'en connaître que de vagues principes de macro-économie… et de surcroît, j'ai l'impression, peut être à tort, que l'Economie en général est sujet à bien des interprétations étant donné les sujets et enjeux auquel il est lié (santé, sécurité, écologie,…)
Concernant Von Mises, il est l'un des fondateurs de l'école autrichienne d'Économie, et a eu une grande influence sur la doctrine libérale. Son œuvre principale est L'Action Humaine mais j'ai voulu commencer par ce texte qui résume son positionnement en Économie Politique.
L'édition que j'ai lu est un pdf du site catallaxia.org, inutile de préciser que l'Introduction est un mélange de plaidoyer pour le libéralisme rempli de formules mêlé à un cirage de pompes de Von Mises. Sept pages rempli d'auto contemplation sans grande mise en contexte de l'œuvre…
Et concernant le texte, c'est la débandade : une soixantaine de pages remplies de pensée magique, d'inversion accusatoire; d'appel à la nature, de la rationalité et de l'évidence; de revendication du pacifisme; du bien de tous et autres bons sentiments. Et pire : il a suffisamment de zèle pour affirmer que "le libéralisme a été le premier mouvement à chercher le bien de tous" avec littéralement aucune argumentation ou même de début d'argumentation. Ajoutez à cela une prétention scientifique complètement sortie de son cul, des approximations politiques, philosophiques et historiques.
Le projet de Von Mises est d'expliquer, selon lui, les fondements du libéralisme, ses conditions de mise en place, la politique étrangère et sa mise en place politiquement. Sur le papier…
Car dans le texte en lui même, si l'on prend le temps d'examiner, cet écrivassier ne se fait même pas chier à prendre son lecteur pour autre chose qu'un convaincu écervelé.
Et il donne le ton dès le début, quand il parle d'esclavage :
Lorsque le libéralisme entreprit, au XVIIIème siècle et dans la première moitié du XIXème, d'abolir le servage et la sujétion de la population paysanne en Europe et l'esclavage des noirs dans les colonies d'outre-mer, il ne se trouve pas peu de sincères philanthropes pour exprimer leur opposition
Ludwig nous prend pour des idiots ? Ou ne sait-il pas que certains physiocrates ont soutenu le maintien de l'esclavage ? Ou tout simplement certains industriels acquis au marché libre qui y voyaient une main d'œuvre pas cher ?
Et la suite du texte est encore plus croustillante :
Pour s'opposer à de telles manières de voir, bien des libéraux pensaient devoir brosser un tableau outré de la situation, mettant l'accent sur les mauvais traitements infligés aux serfs et aux esclaves, alors qu'en réalité de tels excès étaient exceptionnels. Il en existait certes et leur existence justifiait l'abolition de ce système mais, d'une façon générale les maîtres traitaient avec douceur et humanité
Existe-t-il une échelle du Von Mises ? Parce que c'est curieux mais ce demeuré va à l'encontre de la grande majorité des études historiques faites sur le sujet.
Quand Von Mises s'essaie à des esquisses de philosophie morale, à la suite de sous-réflexions sur l'escalade militaire c'est tout de suite très comique :
Lorsque dans une telle guerre des actions sont louables, et que l'on accorde avec raison du prix à l'énergie et la bravoure des combattants. […] Mais en fait il n'y a rien qui soit bon ou mauvais en soi; les actions humaines ne deviennent pas bonnes et mauvaises et la fin qu'elles visent et les conséquences qu'elles entraînent.
Pondre un truc pareil après avoir longuement expliqué que le Libéralisme est Paix par nature, c'est super. Surtout quand on a fait un peu d'histoire et que l'on sait que certaines entreprises coloniales ont été motivées par le désir d'expansion du marché libre. Pour les mêmes motifs que Von Mises mobilise dans son texte.
Et quand il s'agit de situer le Libéralisme dans l'histoire politique, si j'ose dire, Von Mises fait une démonstration de connerie en y allant pas par quatre chemins :
Les idées et les programmes libéraux furent supplantés par le socialisme, le nationalisme, le protectionnisme, l'impérialisme, l'étatisme, le militarisme […]
Mais c'est génial, et puis l'on se rend compte qu'un Jon Stuart Mill, libéral convaincu pendant la majorité de sa vie active, a défendu la colonisation de l'Inde, et que le libre échange n'a pas empêché la montée des tensions à la fin du XIXème siècle. Mais si l'on croit Ludwig, rien n'est libéral que lui, pour peu qu'on ait tous le bon de son nez en face du museau.
Et ça continue tout le début du texte : le Libéralisme, flottant au dessus de l'océan des idées politiques, est pacifique, bon, égalitaire, libérateur par nature. D'ailleurs toute autre forme d'organisation est de fait un retour au Moyen Âge.
Il y a un moment pendant la lecture (un peu au milieu du livre P.2 ch.6), ou le temps s'arrête, et ou Von Mises pousse son ramassis de conneries à un niveau divin :
le libéralisme part des pures disciplines de l'économie politique et de la sociologie qui, à l'intérieur de leur système, ne connaissent aucune appréciation, n'énoncent rien sur ce qui doit être, sur ce qui est bon et sur ce qui est mauvais, mais ne font que constater ce qui est comment cela est. Lorsque ces sciences nous montrent que tous les ordres sociaux imaginables il n'en est qu'un, l'ordre social reposant sur la propriété individuelle des moyens de production, qui soit viable, puisque toutes les autres sont irréalisables, il n' a absolument rien dans cette affirmation qui puisse justifier la qualification d'optimisme. Que l'ordre social capitaliste soit viable et efficace, c'est là une constatation qui n'a rien à voir avec l'optimisme.
Von Mises est au dessus de tout, au dessus d'Einstein et de Candide, Von Mises se pose en épistémologue en à peine quelque lignes rien que pour pousser le ridicule beaucoup plus loin que ce qu'il avait montré avant. Et ça c'est beau.
Certes, de l'avis des adversaires du libéralisme, cet ordre social est très mauvais. Dans la mesure où cette affirmation contient un jugement de valeur, elle est naturellement inaccessible à toute explication qui irait au-delà des jugements extrêmement subjectifs et par conséquent dépourvus de tout caractère scientifique. Dans la mesure pourtant où cette affirmation se fonde sur une fausse conception des phénomènes à l'intérieur de l'ordre social capitaliste, l'économie politique et la sociologie peuvent la corriger. Cela non plus n'est pas optimisme. En faisant abstraction de tout le reste, la révélation elle-même des si nombreuses lacunes de l'ordre social capitaliste n'aurait pas la moindre signification pour les problèmes de politique sociale aussi longtemps qu'on ne réussit pas à montrer qu'un autre ordre social serait non pas meilleur mais seulement réalisable. C'est à quoi l'on n'est pas parvenu. La science, elle, a réussi à montrer que chacun des systèmes d'organisation sociale concevables en remplacement de l'ordre social capitaliste est en soi contradictoire et absurde, de sorte qu'il ne pourrait produire les effets qu'en attendent ses défenseurs.
Von Mises l'a décidé, Von Mises l'a décrété. Von Mises est prophète. Von Mises à la fois Dieu, prophète et réalité. Et nous ne sommes qu'âmes ingrates face à l'étendue de la bénédiction de Von Mises. Gloire à lui. Mais la suite enterre définitivement toute possibilité de prise au sérieux de cet abruti :
Un fait montre parfaitement combien il est peu justifié de parler ici d'optimisme et de pessimisme, et combien ceux qui qualifient le libéralisme d'optimiste visent surtout, en faisant intervenir des motifs sentimentaux qui n'ont rien à voir avec la science, à créer un état d'esprit hostile au libéralisme. Car, on pourrait avec le même droit appeler optimistes ceux qui pensent que la construction d'une communauté socialiste ou interventionniste est réalisable.
l'auteur démontre sa technicité dans la connerie, dans la mesure ou une connerie en remplace une autre et le lecteur inattentif ne peut que se faire pisser dans le crâne. Rassurez vous, cet être divin n'a rien réservé de meilleur pour nous, alors remercions le de sa miséricorde.
Dans la Partie 3, Von Mises explique que l'on devrait laisser la Russie dans son coin, faire des États Unis d'Europe, que le nationalisme c'est pas ouf et il répète que l'impérialisme c'est mal… bref rien de très intéressant et de moins médiocre que ce qu'il écrit avant… Mais le moment le plus drôle est quand il parle des américains :
Les États-Unis d'Amérique représentent la nation la plus puissante et la plus riche du monde. Nulle part ailleurs, le capitalisme n'a pu se développer plus librement et avec moins d'interférence de la part du gouvernement. Les habitants des États-Unis d'Amérique sont par conséquent plus riches que ceux des autres pays du monde. Depuis plus de soixante ans, leur pays n'a pas été impliqué dans la moindre guerre. S'ils n'avaient pas mené une guerre d'extermination contre les habitants initiaux du pays, s'il n'avait pas mené inutilement une guerre contre l'Espagne en 1898 et s'il n'avaient pas participé à la [première] Guerre mondiale, seuls quelques vieillards pourraient nous donner une explication de première main de que signifie la guerre. On peut douter que les Américains eux-mêmes apprécient pleinement à quel point ils sont redevables de ce que leur pays a, plus que tout autre, mené des politiques favorables au libéralisme et au capitalisme. Même les étrangers ne savent pas ce qui a rendu riche et puissante cette république tant enviée. Mais — en dehors de ceux qui, remplis de ressentiment, feignent un profond mépris pour le "matérialisme" de la culture américaine — tous sont d'accord pour ne rien désirer plus ardemment que leur pays devienne aussi riche et aussi puissant que les États-Unis.
Rendons nous compte : après des pavés entiers à dénoncer l'impérialisme, il est suffisamment délu pour ignorer complètement l'impérialisme américain, et leur attribuer les lettres de noblesses pour le seul motif que leur économie est l'une des plus capitalistes. C'est très fort, très très fort, on sent qu'il met une énergie folle à nous retirer toute prise au sérieux de son texte.
Pour terminer, je pourrais citer d'innombrables passages remplis de pensée magique rien que pour se foutre de sa gueule mais cette critique ne peut s'éterniser. Au diapason des quelque textes philosophiques, scientifiques et économiques que j'ai pu lire, même de conviction libérale, Von Mises est sans l'ombre d'un doute dans les caniveaux de la pensée aux côtés de Bastiat. Et ses prétentions il peut se les foutre au cul et son torche cul aussi, ainsi que n'importe qui suffisamment stupide pour se revendiquer d'un tel écrivassier.
Créée
le 21 mars 2025
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le 26 janv. 2025
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Avant toute chose, cette critique va être volontairement longue pour expliquer la note, et expliquer l'intégralité de ma démarche histoire d'être complet et de dissiper des contre indications qui...
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