Deux archétypes : la première, Jane, une mère qui s'accroche à sa jeunesse quitte à s'enfoncer dans l'archétype djeuns. La deuxième, Julien, un gosse qui se donne un genre devant ses potes et n'a d'yeux que pour les jeux vidéos.
Le film peut paraître mauvais en raison de son faux rythme et de ses dialogues niais. Mais je crois que Varda fait le double tour de force de 1) montrer la collision entre ces deux mondes, similaires par leur vanité, mais diamétralement opposés par leur écart d'âge et 2) porter un regard affectif plus que moralisateur.
La niaiserie filmée à nu, et non sublimée ou condamnée semble rare au cinéma mais est pourtant partout autour de nous : le tonton gênant, le/la collègue reloue trop bon public, le camarade de classe qui veut bien se faire voir…
Tout au long du film, Jane s'engouffre, Jane fuit, Jane récite ses inepties que l'on ne va jamais croire, Jane fait mine de ne pas voir le tabou en face de ses yeux, Jane fait mine de ne pas voir qu'elle a brisé le tabou […]
après la scène des baisers, entre autres
Jane se dit qu'il ne faut plus le voir, Jane l'invite quand même à Londres, à la fin la catastrophe.
Pourtant, Jane était sincère. Complètement irresponsable mais sincère. Absolument ridicule mais sincère. Sa fille (Charlotte Gainsbourg) et les autres adultes de son entourage lui frappent du sacre saint "remets toi en question" une fois le mal fait, mais Jane ne le voit pas de cet œil. Personne d'autre qu'elle ne le voit de cet œil tant Varda l'a confiné dans la niaiserie.
Non Jane ne se résoudra pas à enfin être une mère responsable. À l'inverse, Jane ne tombera pas dans la folie de faire sa vie avec Julien et définitivement se croire jeune fille à vie.
En fait Jane acceptera sa solitude sans prise de conscience de ce qu'elle a fait, et Julien redeviendra le garçon de cour de récré pour qui les meufs c'est les meufs et les jeux vidéo, y'a que ça de vrai.
Si au cinéma, une immense quantité de films montrent des personnages accomplis, mélancoliques, cathartiques, tragiques, enthousiastes, poétiques etc. Agnès Varda a fait le pari de nous montrer la niaiserie et le ridicule le plus ancré et bavard chez le personnage de Jane pendant 80 minutes et ça, c'est risqué.