Le livre raconte le chemin vers la guerre mondiale, par deux fois. On est troublé en le lisant aujourd’hui, où le monde change à toute vitesse et où les nationalistes égoïstes gagnent contre les lumières.
Est-ce la troisième qui arrive ?
Comme à son habitude, Stefan Zweig écrit merveilleusement bien. Il dévoile d’ailleurs un peu de sa technique de création littéraire : il écrit d’abord en continu, facilement, et longuement. Puis reprend son texte plusieurs fois et élague énormément, jusqu’à ce qu’il ne reste que l’essentiel.
Un regret peut-être : il avait déjà décidé de se suicider, désespéré à la fois par l’évolution du monde et par la maladie de son épouse. Ils meurent en janvier 1942, deux ans et quelques mois avant le débarquement en Normandie, qui va inverser le cours de la guerre. Le renouveau du monde d’après-guerre aurait plu à Stefan Zweig.
Et une gêne : Stefan Zweig ne voulut pas faire de politique, restant dans sa bulle d’intellectuel en dehors du monde et du jour. Ils essayèrent quand même, à quelques-uns, de créer un groupe d’intellectuels européens contre la guerre, mais l’initiative s’arrêta vite (trop peu nombreux, et certains se tournant vite vers le communisme).