Alors oui, y'a des choses à redire, quoique je n'ai rien découvert à cette heure car la plupart des sujets ont déjà été partagés sur de nombreux supports et de bien des façons tant la multinationale tentaculaire et détestable est aujourd'hui une extension de notre façon de consommer (et quand je dis notre, je veux dire vous, oui toi, ne t'en déplaise).

J'ai fortement diminué mes achats sur Amazon, bien avant ce livre qui compile toutes les raisons m'ayant poussé à le faire, mais je n'ai pas complètement arrêté de nourrir l'ogre gargantuesque, ne vous en déplaise.

> "Shame ! Shame ! Shame !"

Oui Shame mais parfois mon compte en banque n'est pas d'accord avec la concurrence. Parfois, c'est le fait de payer mes retours qui n'est pas d'accord. Parfois, ce sont les difficultés pour résoudre un litige lors d'un colis perdu. Parfois, c'est tout simplement le catalogue vide de la concurrence. Parfois, la gratuité des frais de port. Rarement mais non moins énervant, l'achat qui ne pourra être honoré, faute de disponibilité chez le fournisseur. Et de penser qu'une telle situation n'arriverait jamais en pleine jungle amazonienne. Alors je craque, tranche deux-trois branches pour me frayer un chemin jusqu'au produit, et je clique. De moins en moins souvent mais franchement, c'est tellement facile. Depuis quand, dans cette époque, la facilité est devenue quelque chose de méprisable ?
Facile. Rapide. Et pas cher. Difficile de lutter et parfois, même mes valeurs et mon sentiment de favoriser quelque chose dans lequel je ne me reconnais pas se couchent. L'édition en vinyle de la B.O. de Cowboy Bebop. Un tricky bille pour les gosses. T'es un plaisir coupable Jeff !

Parlons en d'ailleurs de Jeff parce que finalement, mon côté technophile et mon intérêt pour les sciences comportementales ont trouvé de quoi s'incliner devant certaines facettes de l'homme inarrêtable derrière cette réussite. Aussi détestables qu'ils puissent être, je confesse une certaine admiration pour ces mastodontes dont il faut se méfier (GAFA / gaffe à), experts dans l'art de la technologie persuasive, "technologie conçue pour changer les attitudes ou les comportements des utilisateurs par la persuasion et l'influence sociale, mais pas nécessairement par la coercition" (Wikipédia).
Le livre revient sur la construction de cette petite librairie en ligne et personnellement, je n'ai pu que m'étonner des trouvailles qui ont rythmées l'évolution de cette société et influées sur les comportements des acheteurs, devant le côté visionnaire et presque infaillible du bonhomme, découvrant que des choses rentrées aujourd'hui dans le quotidien étaient nées chez Amazon.
Et le futur ? Les à-côtés de ce simple site de vente en ligne ont à la fois quelque chose de glaçant qu'on aurait fantasmé des années plus tôt dans une vision presque idyllique d'une société de services consuméristes toujours plus accessibles et efficaces, avant que la réalité d'un réchauffement climatique irrémédiable et d'une mondialisation à outrance ne s'en mêlent.

Ma femme espérait que je boycotte complètement Amazon en m'offrant insidieusement ce livre. Raté. Comme quoi, la connaissance et la communication n'amène pas forcément à l'action. Il n'a rien changé à l'avis que je me faisais déjà du monstre à abattre et n'a pas fait bouger d'un pouce ma réflexion à la question : "Qui est à blâmer ? Celui qui offre le service où celui qui le consomme à outrance ? Celui qui grignote le monopole ou ceux qui ne s'adaptent pas ?"
Un bon point pour Benoît Berthelot, même si les intentions du livre sont clairement affichées par le sourire inversé de la couverture, l'écriture garde une certaine neutralité en se basant sur des faits avant de s'aventurer, un peu maladroitement dans l'anticipation dans les dernières pages.

Mon engouement pour Le monde selon amazon est donc principalement victime du moment où je l'ai lu, un peu tardivement par rapport à tout ce que l'on sait aujourd'hui du fonctionnement de l'empire de Jeff Bezos. Des pratiques que je ne cautionne pas, qu'il est difficile de cautionner mais je ne peux que rester un brin admiratif devant le chemin accompli par un homme qui avait définitivement une vision et un temps d'avance dans un monde déjà prêt pour une frénésie consumérique.

RicowRay
5
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le 10 mars 2021

Critique lue 73 fois

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