Le Parfum
7.8
Le Parfum

livre de Patrick Süskind (1985)

e roman s'ouvre sur la naissance du personnage principal, au XVIIIe siècle au cœur de Paris. Une poissonnière s'apprête à accoucher de son enfant, après quatre morts-nés ou presque. Le nourrisson tombe sur une pile de déchets de poissons, laissé à son sort par sa mère qui ne s'attend pas à ce qu'il survive. Mais cet enfant refuse son sort et hurle jusqu'à attirer l'attention autour de lui et se sauve ainsi la vie. Sa génitrice sera pendue pour le crime qu'elle se préparait à commettre, et le bébé, baptisé Jean-Baptiste Grenouille, placé de nourrice en nourrice. A chaque fois qu'il est confié à une femme, elle fait vite de s'en débarrasser à une autre, son appétit insatiable les menant à la ruine. Mais il n'y a pas que sa faim gargantuesque qui différencie l'enfant des autres, il ne dégage pas d'odeur ce qui est vu comme un signe diabolique. De plus, il semble voir le monde avec son nez, ses yeux mi-clos, voilés, il hume le monde et se l'approprie. On finit par trouver une nourrice qui l'accepte, n'ayant pas d'odorat, il ne lui fait pas peur. Il grandit et développe des talents olfactifs uniques, il ne reconnait pas seulement une quantité d'odeurs, mais il les mémorise également, il prend plaisir à les marier dans sa tête, se créant un monde de senteurs inédit et infini. Rapidement il trouve un emploi comme apprenti chez un tanneur, sa santé se dégrade au contact de tout ces toxiques, mais Grenouille est un battant, les cicatrices s'accumulent, mais rien ne semble en venir à bout. Il décide de mettre à profit ses talents pour devenir parfumeur, et ceux-ci alliés à sa ruse le projetteront rapidement vers le milieu qu'il désire. Son ambition secrète étant de recréer l'odeur humaine parfaite, il ne reculera devant rien pour arriver à ses fins.



Je suis tombée sur ce livre tout à fait hasard, je l'ai confondu avec "Le Liseur". La quatrième de couverture m'a étonné, je ne comprenais pas comment on pouvait écrire un livre sur les odeurs, je me suis dit que ça allait être ennuyeux mais je l'ai lu quand même. Et quelle surprise! Le Parfum est un tableau, on se laisse guider au fil des odeurs dans une intrigue complètement inédite à la poursuite du rêve fou de Grenouille. Chaque senteur narrée a éveillé en moi des réminiscences, un petit effet madeleine de Proust. L'esprit torturé mais génial du héros classe les odeurs, mais ses dons sont tels qu'une odeur de fleur à un temps donné diffèrera de celle de l'instant d'après, tel Funes dans la nouvelle éponyme de Borgès qui finira par devenir fou de ne pas pouvoir classer le monde entier. La folie de Jean Baptiste est plus froide, il a un côté machiavélique, il hait ses contemporains, tout en ayant de la fascination pour eux, comme un scientifique avec des rats de laboratoire. C'est un personnage hors du commun, qui se raccroche bec et ongles à la vie, plus par instinct animal que par espérance. Malgré son asociabilité il saura tirer parti de ses contemporains pour arriver à ses fins. On est happés dans l'histoire qui devient de plus en plus incroyable, comme on se promènerait dans les hallucinations d'un artiste sous l'emprise de l'absinthe. Malgré la laideur repoussante du personnage principal, son caractère calculateur et froid et sa haine viscérale pour le genre humain, on se prend à l'aimer et à frémir à chaque danger qu'il croise. Le Parfum est un roman absolument unique, sans fioritures, à conseiller à tout les amateurs de littérature!
Diothyme
9
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le 21 févr. 2011

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