Le récit est fait pour être sale, sombre et dérangeant et ça, c'est tout à fait remarquable. Plus on avance dans la lecture, plus un sentiment de culpabilité monte en nous. L'hypocrisie extrême de Dorian Gray face aux morts dont il est responsable, son manque d'humanité, au fur et à mesure que l'on progresse dans la lecture, le livre nous met mal à l'aise. Pourtant, bien que j'y sois retournée jusqu'à le terminer, ce livre ne m'a pas plu autant que je l'avais espérée. Voilà des années que je voulais m'y plonger et finalement, je me suis parfois trouvée face à des paragraphes entiers qui étaient terriblement ennuyeux dont je ne comprenais pas l'intérêt. Ils venaient ralentir le rythme de l'histoire avec des énumérations inutiles de détails futiles. le chapitre entier où l'on apprend qu'il s'est intéressé à l'orfèvrerie à la parfumerie et autre passion de riches bourgeois anglais de ce siècle a été d'un ennui sans nom. Pourtant, par-ci par-là se cachaient quelques informations importantes pour la suite. On se noie rapidement dans les détails qui nous sont donnés et finalement, on a parfois l'impression en avançant qu'il nous manque des détails. Il est mentionné que Lord Henry a quitté le pays puis on le voit revenir plusieurs fois. Est-ce moi qui ai raté quelque chose ? de plus, il y a beaucoup de personnages qui gravitent autour de Dorian Gray ce qui ne facilite pas la tâche. En apprenant le décès de certains, je réalisais que j'avais oublié leur existence. Quand enfin le chapitre 20 est arrivé, j'étais soulagée de savoir que c'était terminé. Tout se joue en quelques lignes et enfin, on est libérés. La sensation est sûrement proche de celle que ressent Dorian à la fin du récit. Je dois admettre que lorsque je m'ennuyais à la lecture, j'avais déjà parcouru le dernier chapitre pour savoir ce qu'il adviendrait de cet abominable personnage. C'est l'une des rares histoires que je lis où je ne m'attache absolument pas au personnage ni à aucune personne autour de lui, et c'est certainement un coup de maître de réussir une telle prouesse. Peut-être ai-je attendu trop longtemps avant de m'y plonger, je pense en tout cas que lire la version non censurée aurait évité les longueurs et les déviations. Ah, et comme je lis ce livre en 2023, je dois avouer que certains passages qui décrivent les femmes m'ont fait grincer des dents. Déjà qu'elles sont extrêmement rares durant près de 230 pages, mais la façon dont elles sont traitées est terrible. Je crois que Monsieur Wilde ne les appréciait pas vraiment. Cela dit, en lisant ce livre en 2023, je trouve que le sujet des relations entre hommes était terriblement en avance sur son temps et je ris d'imaginer la réaction outrée des lecteurs de l'époque face aux sous-entendus très présents tout au long de l'histoire.