Variation hédoniste du mythe de Faust Le Portrait de Dorian Gray compte parmi les classiques de la littérature de la fin du XIXème Siècle. Nettement surestimé à notre sens le roman subversif d'Oscar Wilde - jugé immoral lors de sa publication en 1890 - repose pourtant sur une idée puissante, pratiquement vertigineuse : mettre en gage son âme à l'encontre d'un portrait à dessein de conserver éternellement sa jeunesse et sa beauté... Passé ledit concept l'oeuvre piétine encore et toujours autour de la même obsession narcissique, sans jamais dépasser son sujet propre, montrant des personnages soit complètement vaniteux ( au mieux ) soit carrément immondes sur le plan moral ( au pire ).
Certes bien écrit et capable de créer un univers à renfort de vocabulaire précis doublé d'un style fluide et agréable à lire Le Portrait de Dorian Gray s'agit donc pour nous d'une authentique déception, jolie sur la forme mais discutable sur le fond, à l'image d'un sujet incapable d'être transcendé. Ajoutons à cette vue d'ensemble déconcertante et limitée une absence de nuances et des personnages dépourvus de réelle psychologie (le pompon revient certainement à l’exécrable Lord Henry, histrion social et esthète aussi ridicule que bêtement catégorique assénant des aphorismes aussi creux qu'une coquille de noix...) et l'on obtient un livre mi-figue, mi-raisin plutôt superficiel, pas loin de se classer parmi les plus vulgaires lieux communs littéraires. C'est dommage...