Le Ravissement de Lol V. Stein par HammerKlavier
C’est au bal de T.Beach, prés de la petite ville de S.Thala, que Lol.V.Stein, avec son amie Tatiana Karl, noyée dans la musique et la lumière artificielle de la salle de danse , contemple son fiancé Michael Richardson partir avec une autre qu’elle. Elle contemple cela sans un mot, sans un cri pour le moment, car elle est éblouie par l’aurore qui se lève sur la plage et dans laquelle l’ombre des deux amants s'incruste. Cette fulgurance s’associe à sa douleur et son humiliation et la rendra folle pour les années à venir. Folle de toujours vouloir revivre ce moment, cette aurore, cette destruction, afin d’éprouver Michaël Richardson et son amante, devenue fascination, objet du désir et du rejet, moment idolâtré, figeant l'instant à jamais dans sa chair et ses pensées.
Malgré tout, elle épousera Jean Bedford, quittera S.Thala avec lui et aura trois enfants. Cela sera sans importance car au fond elle n'a jamais réussi a quitter le bal, rêvant de l’instant suprême lors duquel l’aurore jaillirait depuis le fond son être.
Des années plus tard, Elle revient avec sa famille sur les lieux de son drame.
Lol.V.Stein est une femme perdu, folle, et son esprit tourmenté n’a trouvé comme couche que le doux duvet d’un champ de seigle, sous la fenêtre d’un hôtel, d’où elle observe les deux amants que sont Tatiana et le narrateur jacques Hold. Alors elle se confond : Tatiana, Holds, Richardson, son amante, la plage de T.Beach, L'aurore lors de laquelle s'échappe les amants, les remous des épis de seigles comme la houle le long de la plage, Lol.V.stein spectatrice, subjuguée, anéantie, ravie.
Premier livre de M.Duras que je lis, j’y ai trouvé une écriture tourmenté, une souplesse permettant aux phrases, aux dialogues, de circuler très proches de la folie de son personnage, une folie qui devient raison de vivre, ravissement, aurore inaccessible.