Le Sentiment du Fer est un nouveau recueil de nouvelles de Jean-Philippe Jaworski. Cinq nouvelles histoires sont racontées, certaines nous rappelant des personnages de Gagner la Guerre, d’autres totalement inédites.


La première histoire, qui donne au livre son titre; Le Sentiment du Fer, nous refait plonger dans l’univers de Ciudalia puisqu’on y découvre Cuervo Moera, un assassin engagé pour voler d’un livre dans une villa d’un riche Ciudalien.
Jean-Philippe Jaworski a repris le même principe qu’avec Benvenuto Gesufal dans Gagner la Guerre, en nous laissant entrer dans la tête de l’assassin qui nous entraîne dans son histoire. La lecture de cette nouvelle est rythmée, rapide, et malheureusement, la fin de l’histoire est vite rattrapée.
Pour ceux qui aime l’univers Gagner la Guerre, il s’agit d’un petit amuse bouche pour se remémorer ce livre épique.


L’Elfe et les égorgeurs nous écarte de Ciudalia, toutefois nous suivons l’elfe Annoeth, barde rencontré dans Gagner la Guerre et qui fait également une apparition dans “Le conte de Suzelle” de Janua Vera.
Annoeth, le ventre vide, se présente à un château venant d’être dévasté, et où traînent encore les pillard et les poivrots responsables du méfait. Il demande à ce qu’on lui serve un repas, en échange d’une histoire.
Le dialogue qui se déroule alors entre le chef des malfaisants et le barde, ponctué de sous-entendus et de tension, est un régal.


Profanation est le troisième conte de Le Sentiment du Fer. Devant le tribunal des desséchés, un homme plaide sa cause. Cet homme est accusé de voler les morts suite aux batailles, et d’en faire son gagne-pain. Toutefois, voler les morts est punissable de la mort.
Pour sa survie, le prévenu va mettre en pratique toute sa mauvaise foi et ses talents de menteur dans une argumentation de haut vol, afin de se faire disculper. La lecture est un vrai plaisir du début de l’argumentation jusqu’au dénouement de l’histoire.
Ce petit récit nous permet également d’entrevoir les conditions des soldats dans les guerres, et l’état dans lequel sont laissés les champs de bataille et les villages.


La quatrième histoire quant à elle, bien que beaucoup disent qu’elle est un hommage à Tolkien, m’a laissé sur ma faim. Dans Désolation, nous suivons une troupe de nains avec leurs serviteurs gnomes. Pour rejoindre leur destination plus rapidement, le chef nain avec un nom incompréhensible décide de couper à travers la Montagne, et de parcourir les galeries de la cité maudite pour déboucher juste sous la ville, et ainsi arriver à bon port avant que cette dite ville se retrouve complètement dévastée par les ennemis. Seulement un problème se pose, et met mal à l’aise l’ensemble de la troupe: d’après la légende, cette cité est maudite car un dragon y dort profondément.
Mais le thane n’en a que faire ! Il entraîne ses guerriers et ses serviteurs dans l’aventure.
Par malchance, la troupe des nains et leurs gnomes se retrouvent coursés par une horde de gobelins, qui n’a que pour but de les anéantir. A la suite de nombreuses attaques, et de nombreux évitements, ils sont alors obligés de se réfugier plus en profondeur, toujours plus loin dans le ventre de la montagne.
L’histoire est très longue et les actions sont répétitives. Le twist final sauve un peu l’histoire, mais il intervient bien tard...


La troisième hypostase est la dernière histoire. On y retrouve Lusinga, une humaine âgée de cent dix ans, élevée parmi les Elfes et qui a appris de leur savoir et de leurs pouvoirs.
Suite à l’arrivée d’une ombre menaçante sur l’île où habite Lusinga et les Elfes, ceux-ci se voient contraints de partir en laissant Lusinga derrière eux. Celle-ci se prépare donc à recevoir la menace.
Dans ce récit, la transmission de la détresse de Lusinga au lecteur est excellente. Détresse due à la menace, mais aussi au combat que donnent ses amis Elfes dans une guerre quelconque, et avec qui elle a une connexion spéciale en permanence.
Bien que l’histoire soit agréable à lire, je n’ai absolument pas compris la chute… Ce qui termine malheureusement la lecture sur un point négatif.


Les cinq récits sont bien écrits, nul doute là dessus. Jean-Philippe Jaworski reste un maître de la plume. Mais je suis assez déçue de la lecture globale du livre et je ne retrouve pas la même sensation qu’avec ses autres œuvres; la même imprégnation de l’histoire, de l’univers, des personnages.
Je ne ressens pas dans l’immédiat le besoin de le relire à l’infini comme Gagner la Guerre ou Même pas mort, qui contrairement à Le Sentiment du Fer, m’ont totalement chamboulée.


Je laisse quand même un 7/10 car ce livre reste du J-PJ, et il arrive à enchaîner différents types d'histoires fantastiques avec aise, à mélanger les genres, à ne pas faire de redondance (à l'exception de la première histoire qui semble, finalement, une reprise de Gagner la Guerre, mais on lui pardonne parce qu'on ne s'en lasse pas).

Icomeforyou
7
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le 10 août 2018

Critique lue 425 fois

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