Le Tartuffe par Lanah

Tartuffe est un hypocrite, un hypocrite ignoble passant de la pommade et disant à chacun ce qu'il veut entendre, sans s'inquiéter de la cohérence de son discours, bien conscient que la flatterie est toute puissante sur l'âme humaine. Qui est flatté est aveuglé... Et il faut peiner pour le dessiller. C'est ce qui arrive à Orgon, Le pauvre homme porte tant d'amour à son Tartuffe qu'il lui cède tout, aveuglément, malgré les mises en garde, jusqu'à en arriver à manquer de tout perdre, famille, argent, honneur. Pour que la comédie fût complète, il fallut que Molière opta pour une fin heureuse, avec le mariage qui convient mais néanmoins, au lecteur la leçon garde un goût d'amertume : voilà le pouvoir qu'un homme qui sait brosser dans le sens du poil peut avoir.

Bel enseignement en cette période électorale, n'est-ce pas ?

La pièce est toujours sur le fil. Oscillant entre comique de bâtons et cynisme profond, le rire fait son travail de fond, instillant dans l'esprit du lecteur un malaise palpable : Orgon est vraiment ridicule, vraiment idiot, haha, quel abruti... Orgon est ridicule... Jamais je ne me serais laissé avoir... N'est-ce pas ? C'est ce doute qui fait l'extrême modernité de cette pièce.

Car Tartuffe, "C'est un homme. qui. ha!. un homme. un homme enfin. Qui suit bien ses leçons goûte une paix profonde, et comme du fumier regarde tout le monde." Voilà de quoi s'inspirer.