Une immortalité extraterrestre en renonçant à son "humanité"

Ce roman de relative jeunesse est certainement celui où Robert Charles Wilson donne pour la première fois la mesure de son talent et surtout de sa capacité à créer des personnages auxquels on s'attache et dont les caractères prennent une réelle dimension sensible.
L'intrigue initiale démarre avec l'arrivée d'un vaisseau extraterrestre qui, après un long et angoissant silence, propose individuellement en rêve, à chaque homme, femme et enfant, un des marchés les plus incroyables qu'on puisse envisager : devenir immortel en renonçant à sa forme humaine, ou continuer comme avant. Que ferait-on soi-même confronté à cela, surtout sachant que l'on apprend quasiment rien de ces êtres venus d'ailleurs? Et qu'est-ce qui fait au final qu'on est "humain"?
En tout cas, la tentation est forte et la très grande majorité des membres de l'espèce humaine opte pour la première proposition, sauf quelques irréductibles, attachés à leur identité pour des motifs de sentimentalisme ou de révolte, d'hésitation ou de rejet de l'inconnu. Un humain sur dix mille se retrouve ainsi dans le camp de ceux qui refusent, devant souvent continuer à côtoyer pendant des semaines des amis ou des conjoints qui ont pris la décision opposée, et qui deviennent de plus en plus "étrangers", car la première option n'est pas forcément immédiate. Ceux qui le veulent peuvent continuer à vivre parmi les hommes ou changer d'apparence voire se transhumaniser, du moins tant qu'un nouveau vaisseau ne sera pas prêt pour abriter toute la population de la Terre. Mais la construction de ce nouveau vaisseau implique aussi des prélèvements très importants de matière au centre de la planète, qui engendrent la dégradation du climat. C'est donc dans une ambiance d'apocalypse que de petites communautés vont devoir migrer pour se rendre dans quelques rares régions où elles pourront survivre. Cela entraine parfois quelques longueurs, mais par-delà ce contexte de destruction, ce sont bien les rivalités, les faiblesses et les folies humaines qui sont au coeur de ce beau roman.
LaureB
8
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le 2 juin 2011

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LaureB

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