Introduction d'un conte passionnant de Robin Hobb

Comme pour L'Assassin Royal et Le Soldat Chamane, ce premier tome du cycle de L'Arche des ombres, alias Les Aventuriers de la Mer, correspond au premier tiers du premier tome originel de la série. Cette pratique commerciale est vraiment détestable, étant donné que l'équilibre d'un livre repose tout de même sur son introduction, son milieu, et sa fin.


Or là, nous n'avons que l'introduction. Et étant donné le décor à planter, les personnages à présenter, les enjeux à suggérer, l'introduction se doit d'être longue et fouillée. Quand on sait qu'en plus Robin Hobb aime prendre son temps, ce "premier" tome présente toutes les caractéristiques du récif fatal pour tout lecteur en quête d'action rapide. Le risque de lâcher suite à la lecture de ce tome est grand, alors que la suite est tout simplement exceptionnelle.


Bien que les protagonistes soient (quasiment) tous différents du cycle de L'Assassin Royal, il est préférable de lire les aventuriers de la mer après le premier cycle des aventures de Fitz, et de ne surtout pas avoir lu la suite des aventures de Fitz avant les aventuriers de la mer, sous peine de subir de graves spoilers. J'en fus victime (étant donné que Pygmalion a publié la suite des aventures de Fitz avant celles d'Althéa et consorts...) et j'ai pourtant passé un excellent moment à lire ce cycle du fait de sa qualité narrative et de son univers riche et complexe. Mais la fin m'était quasi connue, c'est crétin quand même.


Le cycle de L'Arche des Ombres suit les aventures d'une famille de marchands de Terrilville, les Vestrit. Les revers de fortunes vont bien entendu s'accumuler pour ses membres et affiliés, avec en prime une lutte politique autour de la ville de marchands entre la glorieuse Jamaillia et les redoutables Chalcèdiens. Traite d'esclave, piraterie, mystère des vivenefs, bateaux doués de vie, cités des Anciens, il nous semble découvrir un univers tout neuf, et pourtant, il s'agit bien des voisins des Six Duchés de Fitz. (On se rend d'ailleurs bien compte que les Six Duchés sont les bouseux de ce continent...)


Multipliant les points de vue (à contrario du cycle de L'Assassin Royal), ce cycle est bien plus adulte et torturé dans sa trame narrative. La galerie de personnage est étourdissante sans être surabondante. Et je ne parle pas de personnages juste évoqués pour 10 pages d'action, à l'instar du Trône de Fer par exemple. Tous ont leur profondeur, leurs enjeux, leur caractère, et ce jusqu'à la fin. Un magnifique travail de Robin Hobb.


Je ne peux que trop vous conseiller de vous lancer dans ces aventures maritimes, passionnantes et immersives. Si je note 8 pour ce tiers de premier tome, l'ensemble mérite un grand 10.


Dommage cependant que le traducteur est changé en cours de route, la plume de Arnaud Mousnier-Lompré est tout simplement exceptionnelle et manque cruellement à la suite du cycle.

Hypérion
8
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le 14 avr. 2011

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