Ce roman a la lumière dorée d’un après-midi d’octobre, cette clarté qui réchauffe.

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Phèdre Demay arrive là, un peu par contrainte, un peu par fatigue, avec son passé en travers de la gorge. Ce manoir qu’elle hérite, c’est un lieu chargé de poussière et de regrets, un endroit où la mémoire grince, où chaque pièce semble contenir un écho du chagrin d’autrefois. Sophie Jomain filme — ou plutôt écrit — la solitude comme on éclaire une pièce à la bougie : doucement, avec précaution. Son roman a la lumière dorée d’un après-midi d’octobre, cette clarté qui réchauffe sans jamais dissiper la brume. Tout y semble suspendu : les gestes, les regards, les soupirs. Le monde extérieur s’efface au profit de ce huis clos hanté, où même les silences ont une texture. Et puis il y a Adam, l’ombre revenue du passé, celle qu’on ne voulait plus voir et qu’on reconnaît pourtant tout de suite. Leur histoire avance à pas de velours, entre silence et remords, sous la surveillance discrète de la maison. Ce qui frappe, c’est cette manière de faire du surnaturel une respiration du quotidien. Les fenêtres s’ouvrent d’elles-mêmes, les messages apparaissent sans fracas — jamais d’effroi, toujours un frisson léger, presque tendre. On entend le vent, on sent la cire fondue, on voit la poussière tourner dans un rayon de lumière. L’écriture, simple mais sensible, capte ce murmure-là : celui des objets qui se souviennent à la place des hommes. Jomain a cette pudeur rare d’évoquer l’émotion sans la souligner, de suggérer la blessure avant qu’elle ne saigne. Mais tout cela tient sur un fil fragile. Par instants, la douceur s’étire trop, le charme s’alourdit. On aurait voulu que la maison parle un peu plus fort, que la douleur de Phèdre déborde un peu. Jomain préfère l’équilibre à la déchirure, la caresse au cri — et c’est sans doute ce qui rend son roman à la fois apaisant et un peu distant. Il y a dans cette retenue quelque chose d’élégant, mais aussi une légère frustration : comme une mélodie qui s’interrompt avant sa dernière note. Le vent souffle sur Little Balmoral, c’est un livre qui regarde la mélancolie en face sans chercher à la résoudre. Un roman d’automne, feutré, tiède, un peu hanté — où la vraie magie n’est pas dans les fantômes, mais dans la manière dont ils nous forcent à rester humains. On le referme comme on quitte une maison trop calme, avec le sentiment d’avoir laissé un peu de soi derrière une porte entrouverte. Note : 14 / 20


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Le-General
7
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le 23 oct. 2025

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Le-Général

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