Dans le sillage d'une décision importante, de désormais lire le prix de Flore chaque année que Dieu fait, Le voyant d'Etampes inaugure ma résolution. Et ce coup de canon dans les honneurs des lettres françaises tomba au bon moment car j'ai l'impression qu'il m'offrit un de ses meilleurs boulets.
Un livre qui pose une question essentielle, tout mouvement d'émancipation aussi noble soit-il, a-t-il pour destin de s'emballer pour finir en fanatisme grotesque ? Et plus largement n'est-ce pas toute entreprise intellectuelle humaine qui a comme volonté propre de sombrer dans le n'importe quoi ?
Des sentiments contrastés nous étreignent quant à ce qu'il arrive à ce pauvre Jean Roscoff. Atterrant, jubilatoire, désespérant, retour de bâton pour celui qui se croyait immunisé contre ce genre de critique de par ses engagements passés.
Une autopsie en règle d'un nouveau monde virtuellement autocentré où tout dévoiement à la norme fanatisante vous isole au centre d'un maelstrom de conneries digitalisées.
Il faut le dire, un Houellebecq n'aurait pas renié l'origine d'un tel ouvrage pour le parquer définitivement dans l'enclos réactionnaire de ceux qui essaient simplement de tirer de toute leur force sur le frein à main pour ne pas s'emboutir dans une dystopie tant redoutée.
Pour conclure, un livre assez important pour l'époque qui pourrait lancer un mouvement si n'apparaissait pas le risque de la redite ou du plagiat. Finalement un seul suffit pour illustrer la lente dérive des fous de la race. Fous de la race qui étaient peut-être déjà en gestation au commencement des mouvements antiracistes institutionnels.
Le style de Quentin, sans coller une claque, est largement adapté aux propos qu'il tend à mettre en scène et c'est finalement tout ce qu'on lui demande.
Samuel d'Halescourt