«  Enfant, ne passe pas sans m'avoir aimé. Je suis encore belle, dans la nuit ; tu verras combien mon automne est plus chaud que le printemps d'un autre. »


Bilitis petit corps aux infinies délices.
Genèse et mort où l'érotisme commence ; dans les premiers pas de l'enfance d'abord, la boue qui se plonge sur la peau, le corps qui se frotte aux mondes, aux parfums des fleurs, aux chaudes pluies de l'été, les herbes que nous ne goûteront plus.
Car on a beau dire, s'acharner et creuser encore et encore, la nostalgie d'un plaisir n'est jamais le plaisir même, la toute première des sensations fuit avec le passé auquel elle appartient.
Bilitis tu dévoiles par ton corps ton âme toute entière, comme le cœur d'un fruit.
Les langues qui s'unirent, les yeux en délire à d'autres iris pleines et dans le lait des chairs, dans la douceur des sexes, la paix qui seul n'est pas une victoire pour les amants.
Ressers-toi encore et nous formerons un monde à tant d'extrémités.
Viens encore, viens, mon don est un don sans fin, mon désir inaltérable, viens, étranger, chère sœur ou barbare, au creux de mes reins il existe le mystère de l'existence.
Je ne te tromperai pas ; je ne connais pas le fard des fades mensongères.
Je rallume les nuits que d'autres ont voulu tuer et je ne m'abandonne pas comme le fat dans son gâteux plaisir, pour des bêtises enfouies.
Ma joie c'est ce que j'ai, mon corps et mon âme, et je les donnerai jusqu'à l'épuisement.
Le temps aussi sur moi est tombé, l'hypocrite mascarade. Ni les folies d'antan ni les courbes parfaites. Tout s'achève si bien, fatalement.
Mais ne pleure pas, rejette l'ombre à son tombeau car j'ai connu tous les corps et dans eux je ne cesse de vivre. Car j'ai vu les terres plus profondes que la mort et plus forte que l'oubli.
Dans la tombe même, là où certains s'y couchent, je frisonne comme au premier jour.

machinalaver
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le 30 janv. 2016

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