Si certains ne voient dans ce livre qu’une image d’Epinal d’une vieille chinoise imprégnée de la sagesse millénaire de Confucius, pour ma part j’y vois un peu plus que cela.
La douloureuse histoire de Mme Ming
Madame Ming est en fait une femme traumatisée.
Elle a vécu la Révolution culturelle au cours de laquelle elle et sa famille ont été enfermées dans un camp de rééducation où elle a “crevé de faim et de froid”.
De plus, elle a subi quelques années plu tard un avortement voire une stérilisation forcée :
Ma mère tomba enceinte au début de l’année du Bouc ; cette année-là a été appliquée la loi qui astreint les familles chinoises à se limiter à un enfant. On lui a conseillé d’avorter ; enfin, conseillé… Le lendemain, elle garda le lit.
Les traumatismes subis semblent avoir créé chez Mme Ming une sorte de trouble psychique que je nommerais “faille psychotique”. Autrement dit, ils ont créé un terrain favorable à la création chez Mme Ming d’une réalité parallèle. Pour continuer à vivre “normalement” Mme Ming s’est créée, avec l’appui de sa fille, une réalité dans laquelle elle a effectivement dix enfants. Autrement, elle devrait faire face à la “réalité” de ce qu’elle a subi.
Le choix du titre
Je me suis faite la réflexion suivante à propos du titre : “Pourquoi dire les dix enfants que Mme Ming n’a jamais eus alors qu’elle a une fille réelle ? On aurait du dire les 9 enfants….”
C’est en comprenant le rôle de Ting-Ting que j’ai compris qu’en fait Ting-Ting n’a pas eu vraiment d’enfance.
Ting-Ting c’est l’enfant qui a dû très tôt comprendre que sa mère avait vécu quelque chose de grave, vivre l’absence de celle-ci pendant six ans, retrouver une mère malade et lui donner de quoi croire en une vie imaginaire. En fait, c’est une enfant qui a dû prendre soin de sa mère : elle a été parentifiée.
C’était ça ou perdre sa mère complètement.
Mon avis sur l’œuvre
Je ne l’ai pas trouvée extraordinaire dans sa narration.
Pas besoin d’aller jusqu’en Chine pour trouver des femmes traumatisées qui font preuve de résilience avec une grande dignité.
En revanche, il m’a donné envie de lire les Entretiens de Confucius.