« Surdité, surdité, surdité : voilà votre devise. »

Un jour, le jour des élections présidentielles, il est contraint de quitter son appartement dont il ne payait plus le loyer depuis des mois. Chômeur, reclus, il commence à vivre dans sa voiture. Peu à peu, il se détache de sa vie d’avant et se marginalise.

Pas d’adresse, pas de téléphone, il n’existe plus. Il entre alors, excité et plein de rêves, dans une nouvelle vie, celle qu’il appelle « l’intervalle ». Il parcourt le XXe arrondissement de Paris où il rencontre des gens, des artistes, des signes, qui peu à peu, forment un tout, forment l’envers de la société.

Des voix fusent. Ce nouveau président qui fustige les chômeurs et les « assistés », fait partie d’un système qu’il rejette. La vacuité de la politique, l’inutilité du vote, la réflexion sur le travail qui asservit l’homme, toutes ces pensées tournent autour de lui jusqu’à ce qu’il les assemble pour raconter l’histoire des Renards pâles...

Les Renards pâles, ceux qui soulèvent Paris. Ce « nous », ceux qui marchent vers l’effondrement de la société, qui s’adresse à ce « vous », vous qui n’entendez pas, qui ne voyez pas, qui vous prend à parti, qui met mal à l’aise.

Les Renards pâles, ceux qui amènent la révolution, ceux qui entendent les voix, guidés par la mémoire collective, portés par les révoltes passées, écrasées et tues, comme la Commune de Paris, en France et dans les colonies.
[...]

Yannick Haenel livre un texte politique et lyrique, mais trop lyrique, trop poétique, jusqu’à devenir abstrait, ce qui atténue la force politique de ce texte. Car si la politique est remise en cause, ce texte est néanmoins politique en ce sens que toute action ou non-action est un geste politique.

Ce texte est étrange à appréhender, notamment parce qu’il est scindé en deux parties liées mais dont le ton est différent. D’autre part, les signes qui ont mené à la révolte sont un peu déjà vus ; les masques, le Père Lachaise, la Commune de Paris, le SDF broyé dans le camion-poubelle des éboueurs... Enfin, l’idée est noble et forte, mais l’emploi du « vous », accusateur, place davantage le lecteur du côté de ceux qui ont intégré la société sourde. Le « nous » fédérateur de ceux qui rejettent le système ne résonne pas pour le lecteur. Les frissons d’une révolution telle qu’on la rêverait, qui enflammerait Paris, la ville des pouvoirs et des inégalités par excellence, ne sont pas au rendez-vous.
Lybertaire
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le 7 oct. 2013

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