Si tu pensais que la révolte moderne allait être un cocktail explosif d’action, de tension et de réflexions tranchantes, Les Renards pâles de Yannick Haenel est là pour te rappeler que parfois, la révolution, c’est surtout beaucoup de marche et d’introspection.
Le pitch est pourtant intrigant : un type lambda, Jean Deichel, décide un jour de tout plaquer et de disparaître dans Paris. Plus de taf, plus d’attaches, il devient un clandestin volontaire, un observateur du monde qui dérive lentement vers une forme de rébellion existentielle. Et puis, il croise un groupe mystérieux, “Les Renards pâles”, des ombres qui semblent défier le système. Une révolution est-elle en marche ? Ou est-ce juste un mirage ?
Haenel, fidèle à son style, écrit avec une prose hypnotique, presque incantatoire. C’est beau, c’est fluide, c’est profond… mais c’est aussi un poil vaporeux. On suit Jean dans ses errances, ses pensées, ses doutes, et au bout d’un moment, on se demande si l’histoire va vraiment quelque part. L’idée d’une société parallèle, d’un monde souterrain qui défie les codes, est fascinante… mais elle reste à l’état de concept.
Le problème ? Le roman frôle parfois le nombrilisme littéraire. On attend un basculement, une vraie tension… et ça reste en suspens, comme une insurrection qui ne démarre jamais vraiment. Beaucoup de belles phrases, mais un manque cruel de mouvement.
Bref, Les Renards pâles, c’est un livre qui captive par son écriture, qui intrigue par son idée, mais qui finit par laisser une impression d’inachevé. Un récit qui te donne envie de te perdre dans Paris… mais qui aurait gagné à donner plus d’ampleur à sa propre révolte. Beau, frustrant, et un brin insaisissable.