Duplicité

Voilà que je retrouve Margaret Atwood, c’est bien son écriture, c’est bien son talent, c’est bien son univers. C’est la première réflexion que je me suis faite en lisant les cinq premières lignes des Testaments. C’est brillant, ça, nul n’en douterait (quoi que, si, le Masque et la Plume bien sûr…mais il faudrait seulement que la petite équipe admette que la dystopie n’est pas son genre de prédilection).

Mais, car il y a toujours un mais. Les Testaments n’arriveront jamais à la hauteur de La servante écarlate. Et là je vais toucher du doigt un paradoxe. La servante écarlate touchait seulement en surface les détails politiques de Galaad. L’important dans l’histoire, c’était la vie quotidienne de cette servante contrainte à donner son corps pour enfanter. Cette fois, Les testaments dévoilent le coeur du système des Galaad. Le mystère a disparu. Il y a paradoxe car la curiosité est largement assouvie…justement trop largement.

Et puis je me pose une question. Dans quelle mesure la série a t-elle influencée Margaret Atwood ? Il me semble que j’avais peu apprécié cette série parce que trop éloignée du livre…Or à la lecture des Testaments j’ai eu l’impression (mais mes souvenirs sont peut être faussés) que l’auteure se servait de quelques scènes de la série pour poser la narration de cette suite…Je trouve ça réellement dommageable qu’une série dont le succès restera éphémère serve à la suite d’un roman aussi important que La servante écarlate.

"L’esprit se fait un devoir de combler le vide, quand il y en a un. Auquel cas, la peur est toujours disponible pour y suppléer, la curiosité aussi. Et j’ai une vaste expérience de l’une et de l’autre."

En me plongeant dans Les testaments je n’avais pas d’attentes. Je savais qu’il était de toute façon impossible pour Margaret Atwood de renouveler la prouesse de La servante écarlate. D’ailleurs fallait-il vraiment écrire une suite ?…c’est un autre débat. Sans attente pas de déception donc. Il faut lire Les testaments, parce que c’est haletant, bien écrit, parce que c’est plaisant de retrouver cet univers. Parce que les mystères sont en partie levés.