Lumière pâle sur les collines par Nina in the rain

Il me faut commencer par un aveu : j'adore Ishiguro. Depuis que ma prof de littérature en première et terminale m'a conseillé Les Vestiges du Jour, je suis accro à cet auteur anglo-nippon qui allie la feinte froideur et la puissance d'évocation de ses deux langues. Ses romans sont généralement assez courts, peu bavards, mais ils font naître des images extraordinaires et des émotions merveilleuses. Lumière pâle sur les collines ne fait pas partie de ses romans les plus connus, et pourtant je pense que c'est l'un de ceux qui m'ont le plus transportée, avec une dimension que je n'avais jamais perçue avant : la peur.
Dans ce roman, on suit une femme à deux périodes de sa vie : lors de sa première grossesse au Japon, et peu après le suicide de l'enfant qu'elle portait, en Angleterre. Une trentaine d'années séparent ces deux périodes, en plus des kilomètres.
Au Japon, une petite fille rescapée d'Hiroshima n'en peut plus d'extérioriser ses traumatismes tandis que sa mère fait tout pour lui offrir une nouvelle vie. Malgré tout l'amour que lui porte sa voisine enceinte, elle fugue sans cesse pour retrouver le bord de l'eau, et un fantôme qui la poursuit.
En Angleterre c'est la voisine, qui a vieilli, qui est poursuivie par le fantôme de sa fille suicidée, tandis que sa deuxième enfant ne paraît pas montrer beaucoup de chagrin.
Dans ce roman tout en retenue, la force d'évocation d'Ishiguro fait tour à tour trembler et sourire, et ce cocktail détonnant donne une narration délicate, en équilibre sur un fil ténu entre santé et folie, entre beauté et horreur, entre joie et chagrin. On le referme bouleversé, tremblant d'émotion, et heureux de se dire qu'on vient de lire un petit bijou ciselé avec talent.
Ninaintherain
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le 26 mars 2012

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