Kazuo Ishiguro

J’aimerais avoir le talent de Kazuo Ishiguro pour la suggestion, je trouve passionnantes les différentes interprétations possibles de Lumière pâle sur les collines et d’Un artiste du monde flottant.

Dans Lumière pâle sur les collines, nous lisons l’histoire d'une jeune femme enceinte, qui habite au Japon avec son mari un peu après Hiroshima et Nagasaki. Elle fait la connaissance d’une voisine, mère célibataire, accompagnée de sa petite fille turbulente. Cette voisine veut à tout prix partir pour l’étranger et essaye de séduire un homme qui l’emmènera. Seulement, c’est le personnage principal de la jeune femme enceinte qui se retrouve à l’étranger des années plus tard, divorcée de son premier mari, remariée avec un autre homme. Nous apprenons qu’elle a deux filles, dont l’une vient de se suicider, celle de son précédent mariage.

Le doute commence alors à s’installer. Est-ce que la narratrice, en décrivant cette voisine, raconte sa propre histoire ? Est-ce qu’elle a adopté la fillette de sa voisine ? Par ailleurs, on apprend que des meurtres d’enfants ont lieu dans la région, et la narratrice effraie particulièrement la fillette de la voisine, d’autant qu’elle a une mystérieuse corde entre les mains… Ou peut-être que la narratrice se sent responsable du suicide de sa fille aînée et toute cette histoire est un prétexte à parler de cette culpabilité.

De la même façon, dans Un artiste du monde flottant, on ne sait pas trop à la fin si le personnage principal a vraiment été harcelé par son entourage au sujet de ses idéaux politiques pendant la guerre (au point de songer au suicide) ou si ce n’est encore que la culpabilité qui le ronge.