Mémoire labyrinthique post Nagasaki

Pari réussi pour Kei Ishikawa qui a su révéler la subtilité des caractères et adapter les dialogues d'une préciosité précautionneuse du roman éponyme de Kazuo Ishiguro.

Deux espaces- temps s'entrelacent: Nagasaki post irradiation nucléaire et l'Angleterre des années 80. D'un côté un appartement simple et épuré d'un quartier neuf dans les collines qui entourent Nagasaki, bordé par une sombre rivière, de l'autre la maison tranquille et son jardin zen dans une banlieue anglaise cossue.

L'héroïne interrogée par sa fille anglo- japonaise revisite son passé. Elle se voit sereine, heureuse d'une proche maternité, épouse modèle qui noue soigneusement les lacets de souliers de son époux. Elle évoque son amitié pour une femme plus âgée, mère désinvolte aux moeurs libres. Visages d'une grande beauté dans leurs personnalités contrastées.

Le père du mari se raidit dans sa fidélité au Japon ancestral et doit se confronter à l'évitement de son fils et à la contestation brutale d'un jeune professeur. Spontanéité agréable pourtant de ses relations taquines avec Etsuko, l'héroïne.

Celle-ci se prend d'affection pour une petite fille sauvage et rebelle qu'elle apprivoise.

Ce récit est celui d'une mémoire revisitée. Se mentir à soi-même récele un piège mortifère.

Si on élargit la focale : Regarder son passé bien en face, encore difficile pour le Japon?