Show must go on !

Pour moi, c'est toujours un réel plaisir de lire une annale du Disque Monde issue du cycle des Sorcières. Vous savez pourquoi ? Parce que Mémé Ciredutemps et Nounou Ogg sont impayables et font partie de mes personnages préférés de la saga fleuve de (feu) Terry Pratchett. Il faut bien comprendre qu'avec Nounou, tout peut arriver. Vraiment, tout. Quant à Esméralda, dit Mémé, c'est probablement l'entité la plus puissante du Disque. Au fil des tomes, elle gagne en puissance magique (...ainsi qu'en cynisme et en mauvaise foi) et ce au point de pouvoir défier la Mort sans sourciller. En somme, la badassitude ultime coiffée d'un chapeau noir.

Suite aux évènements des précédents livres du cycle, le convent des sorcières de Lancre ne compte plus que deux membres, le fameux duo haut en couleurs évoqué au-dessus. Mémé décide donc de partir à Ankh Morpork pour rapatrier la jeune Agnes Crettine dans son pays natal et ainsi reformer un trio car il faut bien être deux pour supporter les excentricités de Nounou... Le vice, c'est que la petite Agnes s'est mise en tête de devenir chanteuse d'opéra et c'est là l'occasion pour Terry Pratchett de s'intéresser et de digresser sur cet art musical.

Au niveau des sources d'inspiration, l'écrivain britannique s'est employé à parodier "Le Fantôme de l'Opéra" de Gaston Leroux. De ce fait, ce livre tient plus du roman policier que de la fuite en avant menant au n'importe quoi..Bon, pour être honnête, il tend réellement vers le roman policier menant au n'importe quoi. D'habitude, c'est le cycle du Guet qui lorgne vers le thriller et le suspens et je ne vous cache pas qu'avoir Mémé et Nounou qui mènent une enquête ça...surprend. Mais pas trop non plus car on ne l'a fait pas à Mémé "Badass" Ciredutemps. Et c'est dommage et car c'est bel et bien le suspens qui en pâtit.

Bien sûr, on prend tout de même plaisir à suivre cette annale. La plume de Pratchett retranscrite avec soin par Patrick Couton est toujours aussi agréable et dépaysante mais personnellement j'ai eu du mal à me passionner par le déroulement de l'enquête. Le fait qu'on sente que Mémé ait toujours un coup d'avance est frustrant et n'aide pas à entretenir la flamme, d'autant plus que les nombreux "guests" présents pour l'occasion n'apportent malheureusement pas assez de fraîcheur à une intrigue cloisonnée au seul opéra...

Pour moi, c'est le parti pris de situer exclusivement l'intrigue entre 4 murs qui nuit à cette annale. Et à titre personnel, le personnage d'Agnes m'a beaucoup fait penser à celui de Magrat; à savoir un personnage qui ne peut supporter une comparaison avec ses congénères. Après, et pour nuancer un peu mon avis, si vous êtes fans d'opéra alors vous pourrez éventuellement vous délecter du traitement réservé à "l'anneau de Nibelung" ou aux piques acerbes lancées par une Mémé déchaînée et adressées au public friand de ce pan du divertissement musical mais en ce qui me concerne, cette thématique ne m'a pas trop inspiré. Pour conclure, Masquarade est donc une annale correcte à réserver aux lecteurs déjà rompus à la magie du Disque Monde mais absolument pas le livre idéal pour débuter cette fabuleuse saga.

En tout cas une chose est sûre, Masquarade étant l'avant dernier tome dédié aux Sorcières, ce sera le coeur gros que j'entamerai "Carpe Jugulum" car il signifiera d'émouvants adieux avec mon cycle préféré du Disque...