Traduction par Patrick Couton.
La montagne était aussi déserte et dépouillée que possible.
La plupart des arbres renonçaient à pousser à mi-chemin du sommet, et seuls quelques pins opiniâtres rappelaient les deux ou trois mèches pathétiques que se peigne en travers du crâne le chauve qui assume mal sa calvitie.
Elle avait enterré trois maris dont deux au moins déjà morts.
Elle jeta deux bûches dans l'âtre et les fusilla du regard jusqu'à ce qu'elle s'embrasent toutes seules, l'air gênées.
Personne ne skiait dans les hautes montagnes du Bélier, du moins au-delà de quelques mètres et d'un cri décroissant. Personne n'y courait en chantant en jupe paysanne. Ce n'étaient pas des montagnes agréables. Plutôt le genre où les hivers allaient passer leurs vacances d'été.
Il leva les yeux sur les sorcières avec l'expression d'un noyé qui regarde un verre d'eau.
Le sentier disparut brusquement à la lisière d'une clairière. Cerné par les arbres, il y avait un potager en désordre où quelques tiges pathétiques luttaient pour une place au peu de soleil qui filtrait. Au milieu du potager se dressait ce qui devait être une chaumière, vu que personne n'aurait aussi mal monté une meule de foin.
Toute cuisine digne de ce nom recèle un vieux couteau au manche amenuisé par l'usage, à la lame recourbée comme une banane, et si étonnamment acéré que plonger la main dans le tiroir en pleine nuit équivaut à vouloir attraper des pommes avec les dents à la surface d'un aquarium de piranhas.