On me demande parfois pourquoi "je perds mon temps" à lire des petits romans d'anticipation ou autres à deux sous.

Je réponds généralement que j'aime ça. Et c'est vrai. Même si je les allume parfois (souvent?) dans les critiques.

En fait, je préfère largement un roman de la collection anticipation à certaines boursouflures actuelles qui ne sont pas plus intéressantes, mais font bien 400 pages de plus. Quand on ne les multiplie pas, encore, par le nombre de tomes. On y perd quelque chose d'essentiel : le rythme.

Et des fois, on tombe sur une pépite. Il y en a plus qu'on n'imaginerait.

Metrocean 2031, malgré son anonymat certain, est l'une d'entre elles.

Il faut d'abord lui laisser sa chance. On imagine d'abord être dans une histoire tout à fait standard. Et pourtant, petit à petit, la distance un peu amusée du lecteur s'amenuise. On est pris. Et on se rend compte de plus en plus que Metrocean 2031 réserve des surprises. En fait, il nous mène carrément en bateau.

En sous-marin, même.

Le livre commence par une citation de Sitting Bull. Affiche donc ses intentions. Puis, on est plongé dans une intrigue, sur un continent censé être surpeuplé. En fait une Hollande devenue un marécage insalubre hanté par des bandes façon Mad Max. S'y trouve une usine robotisée, soudain attaquée. On suit cela du point de vue de l'un des assaillants.

Mais en fait, c'est un prologue. Le livre ne parle pas de cela. C'est un premier jalon dans une histoire bien montée.

Le livre parle de Metrocean : les ultra riches ont fui le continent, et trouvé refuge dans des cités construites sur l'océan. Ils ont tout à leur disposition. Y compris des androïdes féminins parfaitement conçus, car les femmes ne sont pas admises. Mais soudain surgissent d'étranges assaillants, venus des profondeurs marines. On évoque les atlantes, ou les habitants de Mu ou de Godwana (sic), qui se seraient habitués à l'eau. Un lieutenant qui, sans les connaître, sympathise d'emblée avec leur cause, et un général chevronné et opiniâtre, sont mandatés pour trouver leur base. Le lieutenant se voit greffer un système pour respirer sous l'eau et descendre, s'il le faut, à -10 000. Il sera aidé par un orque épaulard, à qui on a greffé le même dispositif. Parce que oui, dans ce futur de 2031, vu depuis 1973, les orques et les dauphins parviennent à communiquer avec les humains.

On voit, avec un tel résumé, à quel point Metrocean 2031, malgré son peu de longueur, parvient à brasser large les thèmes de la SF. C'est que son rythme est incroyable. Avec tout cela, on voit, de plus, qu'il fait partie de la science-fiction écologique, un sous-genre alors en pleine émergence.

Mais ce qui est vraiment réussi, c'est sa construction. A cause de la citation de Sitting Bull en intro, on croit savoir où nous mène le récit. Une sorte de récit de Lost race tale, un nouveau jalon de le conquête de l'homme sur le monde, dont on croit déjà prévoir les péripéties.

Eh bien, non! Pas du tout, même.

Mais c'est là que je m'arrête, et que je vous recommande de vous procurer Metrocean 2031. Cette plongée dans les grands fonds océaniques recèle bien des suprises!

BigDino
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le 27 oct. 2025

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BigDino

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