Son nom est Brand. Jonas Brand. A part les initiales, il n'a vraiment aucun point commun avec un certain espion britannique. Et pourtant, l'aventure qu'il va vivre sous la plume de Martin Suter est aussi haletante et dangereuse qu'un James Bond. Brand, donc, est au creux de la vague quand débute le roman, modeste vidéaste qui fait dans le "People" pour des raisons alimentaires alors qu'il rêve de tourner Montecristo, une version contemporaine du livre de Dumas. Malgré lui, il va découvrir que les banques suisses n'ont pas les mains très propres et qu'elles sont prêtes à tout, avec l'aval des autorités, pour que leurs magouilles restent du domaine du secret. Ce n'est pas un scoop ? Certes mais encore fallait-il trouver l'intrigue idoine pour percer le silence des coffres-forts. Et pour cela, on peut faire confiance à l'auteur suisse. Consciencieusement, Suter a investi dans les grands principes du thriller : un héros dépassé par les évènements, une compagne qui cache son jeu, des méchants sardoniques en costume trois pièces, un ami bien informé et revenu de tout, des hommes de main patibulaires, des bulles de champagne, un meurtre maquillé en suicide, etc. Montecristo est diablement efficace -bien plus que la série des Allmen où Suter paresse un peu- car sous-tendu, derrière une fiction ultra documentée, par un discours virulent contre un capitalisme qui a perdu tout sens de l'éthique (sans doute n'en a t-il jamais eu mais ce serait trop long d'en discuter). "Vous n'avez jamais fait l'expérience, monsieur Brand, du fait que la vérité cause plus de dommages que le mensonge ?" Tout est dit : le dénouement du livre, d'une amertume cinglante et désespérante, montre que le cynisme de ceux qui s'intéressent à notre argent est plus que jamais une valeur stable.

Cinephile-doux
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le 4 janv. 2017

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