Lu, relu, décortiqué… Un chef d’œuvre absolu.

Si j'avais à faire découvrir cet écrivain, j'inviterais mon lecteur à entrer dans son univers via la porte d'une œuvre contant l'enfance du 19ème siècle : mort à crédit. Céline a une écriture qui ne ment pas, c'est ce qui en fait son style si poétique doublé de la pensée philosophique. Céline doit se lire vite, mais en attachant son attention aux sens profond de ses phrases parfois courtes mais qui font un tout. Combien de fois ai-je lu et relu et relu encore une page, deux pages en les marquant d'un post-it pour la faire partager comme un gamin, fier de sa trouvaille. Selon moi, comprendre l'enfance de Céline, celle du 19ème, c'est mieux comprendre les hommes du début du 20ème siècle, leurs mentalités dans un environnement sans concession, ce qui ferait scandale aujourd'hui chez les nourrissons que nous serions devenus selon les médias, avec nos pleurnicheries. Non, chez Céline, on témoigne de son temps dans une révolte permanente. Libre penseur, il laisse voguer ses idées où bon lui semble en se racontant... ou plus exactement en parlant des autres dans un humour parfois torride. Évidemment, il est vain de surligner chaque phrase qui vous transperce par sa sincérité frappée du bon sens, vous allez maculer tout le livre. Chez Céline, on ne calcule pas, on écrit, un peu comme Mozart écrivait ses partitions. J'en veux pour preuve les quelques interviews où il est capable de dire cette phrase: «L'expérience est une lanterne sourde qui n'éclaire que celui qui la porte». Il n'écrit pas, il est son écriture. Esclave de sa libre pensée, il affiche sa nature profonde, il ne raconte pas l'enfant qu'il a été, il est cet enfant, il ne raconte pas le soldat, il est ce soldat de la première guerre mondiale. Il écrit... et parfois il regrette.

Céline en avait fait son roman le plus important. Une autobiographie fantasque à l’humour grivois, aux mots justes.

Bref, la lectrice que je suis croit en la sincérité d'écriture, celle qui touche parce qu'elle est vécue et dite sans pudeur, comme un «je t'aime» parce qu'on ne peut plus faire autrement.

Gobinienne
10
Écrit par

Créée

le 9 août 2022

Critique lue 59 fois

5 j'aime

2 commentaires

Gobinienne

Écrit par

Critique lue 59 fois

5
2

D'autres avis sur Mort à crédit

Mort à crédit
Chaiev
7

Tu m'as donné ta boue, et j'en ai fait de l'or

Allez, le gros morceau : essayer d'expliquer vaguement pourquoi on peut en toute objectivité trouver un livre bien, mais ne pas l'aimer pour autant. Ou l'inverse. Quand Celine balance au monde décati...

le 10 oct. 2011

68 j'aime

46

Mort à crédit
-IgoR-
9

Concerto pour détraqués

Alors que le silence se fait sur le monde et sur la vie de l’homme, il n’est que temps d’un regard en arrière. Une lointaine projection aux origines du drame, quand tout allait – déjà – si mal. Et de...

le 7 déc. 2014

52 j'aime

22

Mort à crédit
-Valmont-
9

Se prémunir contre l’enfer des rageux

Le médecin nous place d’emblée dans son univers horizontal, pandémoniaque, au seuil d’un dixième cercle dantesque, à moins que ce ne soit aux portes des Limbes. Jeunesse : dans une cage à lapin à...

le 23 mai 2018

43 j'aime

14

Du même critique

Le Cas Wagner
Gobinienne
2

Cringe Nietzsche

Absolument aucune objectivité, l’unique but du cassos Nietzsche, dans ce livre, est d’enterrer Wagner. Selon Nietzsche, Wagner était un symptôme de la décadence et du nihilisme européen du 19e...

le 24 août 2022

6 j'aime

4

Mort à crédit
Gobinienne
10

Lu, relu, décortiqué… Un chef d’œuvre absolu.

Si j'avais à faire découvrir cet écrivain, j'inviterais mon lecteur à entrer dans son univers via la porte d'une œuvre contant l'enfance du 19ème siècle : mort à crédit. Céline a une écriture qui ne...

le 9 août 2022

5 j'aime

2

Méditations du Haut des Cimes
Gobinienne
8

Spiritualité evolienne

Evola nous livre dans cette oeuvre un point de vue philosophique de la montagne et de l'alpinisme. Les sommets ont de tout temps été estimé comme le domaine des dieux dans les mythes des...

le 15 sept. 2022

3 j'aime

2