Je m'attaque à un truc assez gros : un roman de Nick Cave. Bon, alors je connais mal sa musique, et je n'ai jamais rien lu de lui auparavant. Cette critique ne pourra donc se baser sur une comparaison avec ses autres écrits/talents.

Talent : en effet, Nick Cave est talentueux. Son écriture est riche, recherchée, jamais répétitive, bref, de ce côté-ci je suis conquise. (Il est vrai que le thème du roman n'est peut-être pas idéal pour que sue le style de Cave, mais c'est flagrant dans ses quelques élans lyriques.)

Le reste, c'est sale, lubrique et obsédé à un point... On oscille entre masturbation, viol et relations sexuelles plus "ordinaires", dans un monde dévasté où Bunny voit sa femme se pendre, son fils devenir aveugle et de vieux gros avec des perruques lavande... Sans vraiment les voir, puisque Bunny boit, se drogue à l'occasion, et évidemment abuse de tout ce qui lui tombe sous la main, en foutant en l'air la vie de son fils orphelin de mère.
Alors au début c'est amusant. C'est original. C'est un beau portrait de relation père/fils, c'est frénétique, ça tangue, ça dérange. Mais moi ce qui m'a dérangée vraiment, c'est la vision caricaturale de l'Amérique (parce qu'on aura beau me dire que ça se passe en Angleterre hein, je n'y crois pas un instant) peuplée de bombes voulant coucher avec le premier venu et de dégénérés à tous les coins de rues. Personne n'est normal, dans cet univers, personne n'est fidèle et personne n'est clean. La seule fille qui résiste est... lesbienne. Triste, un peu. Bref, après une longue énumération de la misère humaine et de sa sexualité insatiable, on a envie que ça s'arrête.

Finalement, ce qui nous était annoncé dès le début survient : la fin, je dois l'avouer, est assez magistralement menée, pleine de symboles inévitables, de bizarrerie et parvient à nous faire croire, ce qui est très fort, que tout est bien qui finit bien. Pour ça, chapeau.

Le mot de la fin : paix au vagin d'Avril Lavigne.
Eggdoll

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