Un roman qui se lit vite, mais dont on n'est pas sûr.es de garder longtemps la mémoire...


On a une écriture plutôt agréable, un champ linguistique riche, des descriptions de lieux qui nourrissent l'imagination. Des changements de narrateurs qui rendent le tout plus dynamique, reprenant chacun le style du personnage narrant.


Il faut néanmoins apprécier l'appauvrissement volontaire (pour plus de réalisme ?) du langage de la narratrice principale - paysanne qui nous livre son récit sous forme de carnets - choix de l'auteur, qui supprime ainsi toute locution négative. Ainsi que la restitution de dialogues "en pavés" où les interlocuteurs se mélangent. Ou encore la forme prise par la partie narrée par Edmond, avec des retours à la ligne systématiques. Et ne pas questionner le choix de l'auteur concernant les narrateurs, justement -> Le curé copie les carnets de Rose. Il est narrateur principal, et nous livre tel quel le récit à la première personne des carnets - Rose devient donc narratrice. Mais les autres personnages deviennent narrateurs bonus, qui viennent s'intercaler dans le récit, et il ne faut pas se demander comment leurs pensées à eux nous sont transmises.


Voilà pour le positif/négatif de la forme, que j'ai apprécié dans l'ensemble - mais c'est une question de goûts.


Concernant le fond, le livre m'évoque Sade et ça n'a rien d'agréable. C'est ici, à mi-chemin de mes notes concernant le bouquin que je mets le doigt sur ce qui m'a profondément dérangé et qui fait que je ne comprends pas que l'on puisse autant vanter ce livre. Je le trouve discutable et je trouve le fait de l'encenser discutable. Prix Psychologies du roman inspirant ? Vraiment ? On n'a pas du lire le même parce que si ça vous inspire, ça m'inquiète pour vous. Je ne pense pas que c'ait été l'objectif de l'auteur, d'évoquer Sade, mais tout de même, rappelons que son héroïne a 14 ans, qu'il s'étale sur certaines descriptions plus que sur d'autres et qu'il y a plus de sombre que de lumineux. D'ailleurs ce dernier point aurait pu être rééquilibré si la fin avait été un tant soit peu développée (qu'advient-il du courrier sur la table ?!).


Quelques exemples rapides sur pourquoi ça m'évoque Sade :
SPOILER :


Des pauvres qui vendent leur enfant + Un château-prison-espace de torture aux frontières naturelles infranchissables ? Les 120 journées de Sodome. Un ancien monastère lugubre + L'injustice du sort d'une pauvre fille qui passe de prison en prison sans perspective de libération ? Justine ou les Malheurs de la Vertu.

AnaëlleSoler
4
Écrit par

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le 27 déc. 2020

Critique lue 182 fois

Ana OPASAPA

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