Je tiens tout d’abord à préciser que cette critique vise particulièrement à décider, pour ceux qui ont vu la série, s’il vaut la peine de lire ou non le livre.
D’abord, c’est un bon livre ; par contre, je trouve qu’en soi-même, la série est meilleure. Plus simplement, la série est la retranscription visuelle totale du livre. Les dialogues sont presque mot pour mot les mêmes que dans le livre. Toutes les scènes du livre sont, étape par étape, reprises de manière identique dans la série ; tout est identique, rien de plus ou de moins. La seule différence est qu’il y a des descriptions dans le livre, qui sont traduites visuellement dans la série.
Maintenant, si je trouve que la série est meilleure que le livre, c’est parce que, contextuellement, ce qui est proposé dans la série fonctionne mieux à l’écran que ce qui est proposé dans le livre littérairement. Par exemple, la série comme le livre ont un style extrêmement neutre, un univers très doux mais assez aseptisé, et un récit peu important. Cette ambiance fonctionne bien mieux dans une série, parce que ce style exacerbe le jeu des acteurs et délivre la pureté de leur émotion. Alors que dans le livre, ce style ne laisse qu’un arrière-goût de fade et on nous fait ressentir peu d’émotion esthétique. Les scènes d’intimité, comme elles sont plus pudiques et intimistes à l’écran, ne font pas tache dans l’ambiance générale de la série. Contrairement à celles du livre, où les descriptions sont très crues avec les détails sexuels appuyés, qui nous laissent un sentiment de malaise en cassant l’ambiance générale douce. (L’érotisme fonctionne mieux que le sexuel dans cette histoire.)
Littérairement, l’auteur a un style. Mais pas dans la composition de ses phrases : dans sa méthode de description, qui est, il faut le remarquer, singulière et unique. C’est clairement une proposition esthétique nouvelle, que j’apprécie tout particulièrement. Sauf que, paradoxalement, alors que j’ai vraiment adoré ce style au début du livre, j’en avais vraiment assez à la fin. C’est un style qui, à la longue, devient fatigant et énervant.
Après, il y a quelques petites incohérences du livre qui sont corrigées dans la série, notamment dans les relations de certains personnages. Toutefois, là où le livre est supérieur, c’est qu’il livre beaucoup plus d’informations et laisse moins de doute. Par exemple, (spoiler) sur le fait qu’ils vont rester ensemble même s’il part à New York. Sauf qu’encore une fois, paradoxalement, je trouve que cela dessert le livre : premièrement parce que cela laisse moins de place au mystère et donc moins d’émotion et de questions ; deuxièmement parce que connaitre toutes les pensées de Marianne en devient presque insupportable tant elle a un rapport autodestructeur avec elle-même.
En conclusion, je pense qu’en tant qu’œuvre d’art en elle-même, la série est beaucoup plus pertinente que le livre. Mais je pense que cela reste un très bon livre, avec un style très particulier et intéressant, qui mérite d’être lu. Et pour ceux qui hésitent à le lire après avoir vu la série, mais qui n’aiment pas spécialement lire, faites-le uniquement si la série vous a laissé en questionnement : vous trouverez toutes vos réponses dans le livre.