Conseillé, et applaudi ici, pour sa valeur féministe, je voudrais vous dire pourquoi ce livre est d'un vide et totalement à côté de la plaque.


La forme commence mal quand l'essai sur le féminisme ne fait qu'une cinquantaine de pages. C'est sympas pour le lecteur, j'en conviens, mais que peux-tu développer concrètement avec aussi peu de pages ?
L'essai n'est qu'un ramassis d'idées et d'opinions, construites à partir de témoignages et d'anecdotes de son vécu, mais il n'y a rien de travaillé et de concret ( je dis ceci parce que l'on m'avait vanté ces valeurs sociologiques ). Pas d'études, pas de sondages, pas d'analyses ... Rien de scientifique et de prouvable, ce ne sont que des ressentis et de l'émotion.
Son essai de 50 pages a même l'exploit d'être mal organisé puisqu'elle aborde un moment le monde de l'entreprise, change de sujets ... Pour revenir à la tenue à avoir dans le monde de l'entreprise. Tout comme elle parle un peu des hommes qui subissent à leurs manières le sexisme qu'elle combat, mais les exclue aussi un peu de ce problème en les portant comme coupable conscient.


Mais, ne vous en faites pas, le fond ne vaux largement pas mieux !


D'une part, le problème central, c'est qu'elle utilise des exemples issus du Nigéria et elle fait le lien avec les Etat-Unis ( et certainement les autres pays ). Sauf que le Nigéria n'a pas la même histoire, la même culture que les autres pays : C'est un fait ! Pour prendre un exemple, elle parle souvent de conventions alors qu'ils sont très probablement liées à la religion, le Nigéria est un pays bien plus croyant et pratiquant que la France ou les USA, dont les religions majeures sont l'islam et le christianisme, il est donc normal que les gens aient des propos et des actes qu'elle peux juger comme rétrograde.
Et lorsqu'elle parle de son interrogatoire à l'hôtel, sous prétexte qu'on la prenait pour une prostituée, c'est juste que le Nigéria interdit formellement la prostitution ( à contrario de la France, par exemple, qui l'autorise à l'exception des maisons closes et du proxénétisme ), il est donc évident que l'hôtel puisse être méfiant des femmes seules pour éviter de s'attirer les autorités et de fermer l'hôtel, supplément passage en justice ( et encore, le 2 poids / 2 mesures qu'elle juge est à nuancer car il est fort probable qu'ils soient autant craintifs concernant les escorts boys, surtout dans un pays où l'homosexualité est fortement réprimé ).


Et il y a juste des propos qui me semblent être des énormités.
Lors de son segment sur la boîte de nuit, où elle parle que des femmes soient obligés de se lier à des inconnus pour entrer en boîte de nuit, je dis simplement que les hommes seuls n'entrent pas non plus dans les nightclub ( ce n'est pas du sexisme, c'est juste qu'une boîte avec presque que des mecs ne vas pas attirer la gente féminine ) et on n'en fait pas un plaidoyer à ce sujet ( il faut juste être clair avec l'inconnu que vous vous liez à lui juste pour entrer et que vous vous séparez après ).
Elle scande sur le fameux soucis du "à travail égal, salaire inégal" mais c'est nier que les grossesses que certaines femmes ont leur supprime plusieurs mois de salaire ( ou de salaire complet, je ne sais pas exactement ) et que ces femmes qui n'osent pas "mettre les points sur les I" ( elle l'écrit elle-même ) n'auront donc pas le culot de demander une augmentation.
Après, elle aime dire qu'il y a des considérations différentes entre filles et garçons sur de nombreux points ( éducation, mariage, célibat, virginité, concession de couple ... ) mais, même si des nuances sont présentes, il ne faut pas croire que les hommes sont exempt de pressions à ce sujet. On nous met parfois la pression pour le mariage et les enfants ou pour présenter sa copine, et l'homme a autant de concession qu'une femme dans une relation, on exige à l'homme de perdre vite sa virginité , ces compétences intimes ou de le faire avec "la bonne personne" ... Et si on exige aux filles de croiser les jambes, c'est simplement parce qu'avoir les jambes écartés dans la rue est une position vulgaire ( et les mères corrigent aussi les garçons qui ont ce genre de posture ).
Lorsqu'elle affirme clairement que le genre et la classe sociale n'ont aucun lien, j'ai hautement froncé des sourcils. Concrètement, peut-être même sans le vouloir, elle a mis dans le même rang le chef d'entreprise qui pourrait harceler ces employées et le serveur d'un restaurant qui n'a aucune autorité professionnelle. Donc, selon moi, la classe sociale peut légèrement influencer le "privilège masculin".


Après, soyons un peu juste, elle ne dit pas tout le temps des conneries ( bien qu'elles soient noyées dans ces dernières ), sinon je n'aurais pas accordée 2 points à ce livre.
Ces anecdotes sur le serveur, la colère qui n'est pas "féminine", le viol, le "bottom power" et un peu le boulot sont justes.
La solution par l'éducation et l'enseignement DES PARENTS ( l'Etat et ces écoles n'ont pas leurs mots à dire ) est la solution, en évitant les conneries de style quotas et lois absurdes. Tout comme le fait qu'elle s'intéresse plus sur la mentalité qui est plus sympathique à mes yeux que s'acharner sur des lois.


Mon plus grand soucis, au-delà des ressentis qu'elle estime comme une réalité, c'est qu'elle a pris un pays et qu'elle a voulue généraliser pour tout les autres, ce qui est faux.
Non seulement le Nigéria a un rapport religieux très différent de la France par exemple ( nous qui avons séparé l'Eglise de l'Etat en 1905 et donc grandement affaibli son influence et détruit son influence politique, à la différence de l'Islam ou du bouddhisme par exemple ), pouvant expliquer son rapport avec la prostitution, les femmes ou l'homosexualité.
Mais aussi car on ne peux pas "régler le problème" de la même façon entre le Nigéria, les USA, la France ou le Maroc. Chaque pays a un vécu et une culture profondément personnelle et vouloir généraliser "le soin" est absurde. Il aurait été plus juste, selon moi, de vouloir aborder le problème de sexisme au Nigéria car elle aurait eu une meilleure maîtrise de son sujet.


NB : Je ne suis pas un grand connaisseur de tout ces sujets épineux. Si vous pensez que je me suis vautré à un sujet, sur une idée qu'elle avait développée, ce seras avec plaisir de l'entendre, tant que le respect reste de mise.

MaximeClochette
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le 23 janv. 2021

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