En Italie, les étoiles filantes s'appellent "stelle cadenti", les étoiles tombantes. Et c'est dans le nord de l'Italie que Mathilde, la compagne de Cédric Sapin-Dufour, a vu son corps se fracasser sur des rochers après une chute en parapente ...
Les chapitres relatant le jour fatidique et ceux racontant le long chemin vers la reconstruction alternent dans un récit tout aussi riche en réflexions et en observations que l'émouvant "Son odeur après la pluie".
L'auteur ne nous épargne rien des terribles conséquences de la paraplégie de Mathilde qu'il évoque crûment, pas plus qu'il ne jette le moindre voile sur ses propres faiblesses : "Je voudrais être ce grand homme que les épreuves révèlent mais je me noie dans ma propre bile.", en précisant plus loin "Si tu savais les tentations d'abandon, les crispations et les égoïsmes qui m'ont parcouru." L'amour et l'admiration qu'il éprouve pour sa femme ne l'empêchent pas en effet de porter un regard lucide sur l'être fragile qu'elle est devenue :"Tu as perdu confiance dans ta capacité de vivre au milieu des autres." Et de citer brièvement une anecdote à l'occasion d'un banal achat qui montre qu'il lui arrive de "ne plus trouver le chemin entre sa pensée et les mots pour la dire".
Fragile et forte à la fois car, en parallèle, Cédric Sapin-Defour témoigne du courage et de la volonté dont elle fait preuve tout au long de cette année durant laquelle elle surmonte pudiquement ses douleurs tant physiques que mentales.
A la manière de Philippe Lançon dans "Le lambeau", l'auteur évoque aussi les témoins et les acteurs de la reconstruction de Mathilde et, à deux exceptions près, il nous donne avec chaleur de bonnes raisons de croire en la nature humaine.