Bon, honnêtement j’ai trouvé le dialogue un peu gênant parce que les personnages omnivores sont si ridicules qu’on a rarement vu de plus flagrantes incarnations d’idiot du village. L’un d’entre eux s’apprêtait même à parler du cri de la carotte, avant de se faire interrompre par la végétarienne, de se demander comment elle savait qu’il allait parler de ça (comme si c’était l'argument du siècle), et de rester “un temps bouche bée”. Je pensais initialement qu’il s’agissait d’un vrai entretien mais j’ai vite compris qu’il était fictionnel tant ça manquait de crédibilité. Ça peut se comprendre si on cherche à faire un livre aussi court pour lequel il faut passer d’un argument à l’autre avec simplicité, mais j’ai le sentiment que c’est fait d’une façon légèrement malhonnête et pouvant éventuellement nuire au pouvoir de persuasion, donc j’émets mes réticences.
Outre cela, il est dommage que l'auteur n'ait pas sourcé ce qui aurait pu l’être. De plus, c’est accessoire mais on laisse entendre que, s’avouant convaincu, l’omnivore va finalement choisir de manger des linguines au pesto, ce qui n’est en fait pas du tout conforme au message véhiculé puisque le pesto est fait avec du parmesan, et que le parmesan est fait avec de la présure de veau, c’est-à-dire un coagulant qu’on extrait du veau après l’abattage…
Tout de même, j’ai trouvé plutôt intéressant de présenter les choses sous forme de conversation. On sent d'ailleurs qu’il y avait volonté de répondre à un large éventail d’arguments anti-végétariens, ça peut s'avérer utile. La végétarienne est pertinente et ne manque pas de justesse dans ses propos, elle défend donc bien sa position. En somme, il est important de faire le travail d’argumentation auquel a pris part le livre, et celui-ci le fait bien.