Un très bel ouvrage, plein de vie et de verve.

Simone Schwarz-Bart déploie une langue somptueuse, poétique, gorgée de sève et de soleil, où la nature respire, où les émotions ont la densité du vivant. On entend les alizés dans les cocotiers, la rumeur des champs de canne, les prières murmurées au soir.

Télumée Miracle est une héroïne magnifique, à la fois humble et grande, enracinée dans sa Guadeloupe et tendue vers l’universel. À travers elle, Schwarz-Bart raconte la condition des femmes noires, la transmission des douleurs et des forces, la lutte silencieuse contre la misère, l’injustice, la solitude. Télumée endure, mais jamais ne se résigne. Elle porte la vie comme on porte une flamme dans le vent : vacillante mais invaincue.

Le roman parle de filiation, d’amour, de perte, mais aussi de cette philosophie simple et profonde : vivre, c’est accueillir la joie et la peine ensemble, comme deux faces d’un même miracle. “Il n’y a pas de bien sans mal, pas de bon sans mauvais”, nous dit Télumée, et dans cette sagesse, il y a toute une manière d’être au monde.

À la fin, il ne reste que ce que l’on n’a pas su donner. Cette phrase m’a bouleversée. Elle résume à elle seule la beauté tragique de ce roman, la lucidité sans amertume, la douleur sans rancune, la bonté qui persiste malgré tout.

Un chef-d’œuvre de la littérature antillaise, à la croisée du conte, du chant et de la prière. Une œuvre de lumière et de terre, où les femmes se dressent comme des arbres dans la tempête.