Très court, moins de 100 pages. Et un interligne large comme un bras de mer. Autant dire que ça s'envoie en moins d'une heure. Edouard Louis est la nouvelle coqueluche d'une certaine intelligentsia parisienne, autant dire que j'étais un peu réticent à la base. Mais il faut reconnaitre que ses prises de position récentes vis à vis de l'actualité sociale en France avaient plutôt suscité ma sympathie. Et puis, comme ce livre m'a été offert, ce n'était pas comme si j'avais du aller l'acheter en librairie. Alors, comme j'attends des bouquins commandés auprès de cette dernière, je me suis finalement décidé.
Il est vrai que le début ne m'a pas plus que ça emballé. Une chronique, par petites touches, de son enfance dans un milieu ouvrier. Centrée bien entendu sur son père, mais pas uniquement. Une enfance ouvrière plutôt banale, somme toute, qu'il expose, à travers ses souvenirs, de façon très personnelle, voire très intime. Assez bien vu, oui mais c'est du vécu. L'image du père omniprésente, pesante. Et puis on comprend peu à peu où l'auteur veut en venir. Et puis paf : voilà, le bouquin est fini.
Et là, on comprend finalement de quoi il était question. On comprend pourquoi Edouard Louis n'a pas mis de point d'interrogation à son titre, qui résonne pourtant comme une question. On comprend comment le déterminisme social a pu rendre complétement secondaires toutes les considérations personnelles et les jugements de valeur que portent les personnages du bouquin, et que ne manqueront pas de porter certains de ses lecteurs. Et du coup, le lecteur se dit que, tout de même, ce bouquin est intelligent.
N'en doutons pas, il a certainement servi d'exutoire à l'auteur (comme peut-être ses autres écrits que je n'ai pas lus). Nul doute que les relations d'Edouard Louis avec son père ont du être difficiles durant son adolescence. Mais la troisième partie du livre résonne comme une absolution, un pardon. Envers la personne de son père, mais non pas envers ceux qu'il désigne comme coupables. Et c'est en définitive plutôt poignant.