Racines
8.7
Racines

livre de Alex Haley (1976)

En 1767, Kunta Kinté, se ballade dans la forêt à la recherche du meilleur bois pour fabriquer un tambour. Ce jeune gambien de 17 ans rêve de parcourir le monde comme ses illustres oncles Djanneh et Saloum. Il le ressent; le moment est enfin venu pour lui de se mettre en chemin et pourquoi pas de proposer à son jeune frère Lamine de l’accompagner dans son aventure. Plongé dans sa rêverie, Kunta est inattentif à ce qui l’entoure. C’est alors qu’il entend des bruits inhabituels, les aboiements de son chien confirme son appréhension; une menace rôde, elle est proche… Soudainement, des toubabs, ces hommes blancs que sa tribu a appris à craindre, se jettent sur lui, aidés par des slatis, ces traitres africains à sa solde de l’homme blanc. Malgré sa tentative de se dégager des griffes de l’assaillant, Kunta est capturé et amené sur un navire négrier. Sa destination, l’Etat de Virginie en Amérique.


Kunta Kinté n’est autre que l’ancêtre d’Alex Haley, l’auteur du roman Racines. Grâce à un travail d’enquêtes, d’archives et de témoignages, Alex Haley retrace l’histoire de Kunta Kinté, devenu esclave en Amérique, et de sa famille sur plusieurs générations. On pourrait découper le roman en trois parties: une première partie traitant de l’enfance de Kunta dans le village de Djouffouré en Gambie jusqu’à sa capture; une seconde partie sur sa vie en tant qu’esclave, puis une dernière partie sur ses descendants également esclaves. Dans les trois derniers chapitres, Alex Haley se recentre sur lui pour nous expliquer les démarches qu’il a entrepris pour reconstruire le puzzle de sa famille.


J’ai particulièrement apprécié la première partie se déroulant en Afrique qui nous offre un réel dépaysement. J’ai pour ma part découvert un pays, un peuple et des coutumes qui m’étaient presque totalement étrangers jusque là. Bien qu’assez longue (près de 200 pages) et dense, c’est certainement la partie qui m’a le plus instruit et plu du roman. Bien que le roman soit ponctué de passage assez éprouvant pour le lecteur, celui qui me marque le plus est celui passé sur le navire négrier dans lequel l’auteur se lance dans une description détaillée des conditions dans lesquelles ces esclaves étaient transportés telles des marchandises. Dépassé le moment où Kunta débarque en Amérique et est acheté par son premier maître, propriétaire d’une plantation, j’ai ressenti au fil de ma lecture, une certaine lassitude. En effet le récit de la vie de Kunta dans ce pays, qui lui est complètement étranger, puis de sa famille, retrace bien le quotidien difficile des esclaves afro-américains (ségrégation, vente et séparation de famille, travaux forcés, viols) mais cela ne m’a malheureusement pas apporter d’éléments nouveaux sur ce sujet. Ai-je trop lu et vu sur ce thème? Ma foi, peut être… C’est terrible à dire et j’aurais aimé dire le contraire mais je n’ai pas ressenti beaucoup d’affection pour les personnages, comme si j’avais loupé le train en marche.


Il faut savoir également que beaucoup d’historiens s’interrogent sur la véracité de l’histoire racontée par Alex Haley. Beaucoup d’éléments (la non fiabilité des sources utilisées par l’auteur) corroborent le fait que Racines serait un travail d’imagination plutôt qu’une étude historique stricte. Et pour enfoncer le clou, Alex Haley a été accusé de plagiat par l’auteur Harold Courlander en 1977 soit un an après la publication de son roman. Cette accusation se révèle bien fondée puisqu’Alex Haley avoue publiquement que 81 passages de Racines avaient été copiés dans l’Africain, roman de Courlander publié en 1967. En connaissant tous ces méfaits, peut-on encore dire que Racines mérite le prix Pulitzer qui lui a été décerné en 1977 ?


Si vous recherchez un roman traitant des conditions de vie des esclaves afro-américains, celui-ci vaut la peine d’être lu. Pour ma part, je m’attendais à une claque en lisant ce livre, ce ne fut malheureusement pas le cas. Malgré un début prometteur (partie en Afrique) j’ai dans l’ensemble observé un manque de profondeur dans les thèmes abordés. L’auteur n’a également pas réussi, suffisamment, à me faire développer un sentiment d’attachement pour ses personnages. Mais ne vous méprenez pas, le roman est tout de même très bon, je pense que j’ai surtout mis la barre trop haute étant donné tous les retours dithyrambiques sur lesquels je suis tombée. Je m’interroge toutefois sur cette histoire de plagiat et cette véracité historique… Sans plagiat et invention, le roman aurait-il été aussi bon? Aurait-il eu le même impact?

JessicaDubreucq
8
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le 27 juin 2021

Critique lue 309 fois

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