Du jour au lendemain, le monde bascule. Des gens se mettent à tuer d'autres personnes de manière atroce et inventive. le point commun ? Tous ont assisté à une aurore boréale particulière. le ciel lui-même avait-il signé ce chaos? Dieu?
Au coeur de cette apocalypse, on suit une famille de quatre : Jack, Dee et leurs enfants, Noémie et Cole. Leur lutte pour survivre est intense et haletante, peu de répits dans ce roman ! Les passages d'horreur font penser à l'oeuvre graphique Crossed de Garth Ennis (accrochez-vous). Mais à la différence de Crossed, elle révèle et renforce les liens familiaux, rappelant la puissance bouleversante de la Route de Cormac McCarthy.
Le mystère de l'aurore boréale m'a fait penser également à un épisode de Masters of Horror : The Screwfly Solution. Là-bas, la violence ciblait les femmes, dénonçant le féminicide et le mal enraciné dans la société. Dans Run, c'est la cellule familiale qui est menacée. Les épreuves tentent constamment de les séparer, et la présence de l'amant de Dee, devenu tueur fou sanguinaire, ombre menaçante symbolise cette fragilité.
L'originalité du roman tient ici : dans ce monde post-apocalyptique, la survie devient un vecteur de vie. Elle redonne sens à l'amour, à la passion, à l'attachement. La raison pour laquelle on se bat vraiment dans la vie : pour ceux qu'on aime. Run interroge ainsi subtilement : le matérialisme et la monotonie quotidienne détruisent-ils la famille, ou les épreuves renforcent-elles ses fondations ? Certes de manière extrême mais quand même, c'est le sujet qui revient.