À la source du Mal

À la source du Bien et du Mal

L’être humain est-il fondamentalement bon ou mauvais? Une question longtemps débattue, mais toujours sans certitude... William Golding, dans son œuvre Sa Majesté des mouches (originellement Lord of the Flies), se propose alors de répondre à la question par une expérience littéraire, une tabula rasa : et si de jeunes adolescents et enfants devaient reconstruire la société, quelle serait sa forme, ses mécanismes? Serait-elle aussi cruelle?

Tel est le point de départ du livre. Un groupe d’enfants laissés seuls, livrés à eux-mêmes, perdus sur une île ; ils doivent s’organiser pour survivre. Mais rapidement, des dissensions se font sentir et deux clans se forment : les uns souhaitent l’ordre, la société et des valeurs morales ; les autres se réjouissent de l’opportunité de liberté, de chaos et d’amoralité... Un combat s’engage alors pour la survie d’un système...

Une fable puissante, évocatrice, touchante, qui exacerbe dans un microcosme les lacunes et les perversions, mais aussi les profondes qualités de l’Homme. Le récit emporte le lecteur au gré du climat de l’île ; il le ballotte dans les tempêtes avant de lui laisser quelques lignes pour se reposer sur la plage, avec le doux frémissement des vagues et le chant, lointain, d’une conque comme berceuse... Un rythme qui participe activement à l’impact du récit ; les surprises sont violentes, les soulagements, amers... Mais il sera obligé, malgré lui, de se reconnaître un peu en chacun des protagonistes, même les plus cruels... Golding parvient à transcender la dichotomie: Ralph comprendra, comme le lecteur, que la bataille est également intérieure... Les limites sont toujours franchies et rien ne reste ou noir ou blanc pour longtemps...

Une analyse caustique qui mettra la nature humaine à nu, par le vitriol...

D.M.